* Peut-on vouloir rester objectif tout en faisant du chiffre à travers les commissions de placement ? * Le CDVM veille au grain semble-t-il. Elles font et défaut le marché à leur guise. Elles, ce sont les sociétés de Bourse (SDB). Dans l'histoire récente de la Bourse de Casablanca, elles ont eu néanmoins à susciter beaucoup de controverses. On se rappelle, en effet, de la mise en garde et de l'avertissement émis il y a quelques années par le Conseil déontologique des valeurs mobilières à l'encontre de quatre sociétés de Bourse et d'une société de gestion et qui avaient jeté l'opprobre sur la profession. Profitant d'une réglementation déficiente, elles utilisaient une méthode simple : les analyses biaisées. Histoire d'obtenir des conventions de placements lucratives en gonflant les prévisions de croissance relatives aux entreprises clientes actuelles ou potentielles; ce qui a pour conséquence d'influer le cours des actions des entreprises émettrices. C'était tout bénéf' pour les sociétés de Bourse, d'autant plus qu'elles ne pouvaient que s'aligner sur les souhaits de leur clientèle en matière d'opérations de placement, dans la mesure où les commissions engendrées par lesdites opérations financent les activités d'analyse financière. Aujourd'hui, à la faveur d'une réglementation mieux circonscrite, et avec un contrôle en amont effectué par le CDVM sur les notes de recherche, l'on veut bien croire que de telles pratiques n'existent plus. Pourtant, une question reste toujours d'actualité, particulièrement en cette période où le marché gagne en maturité : les sociétés de Bourse font-elles toujours preuve d'objectivité ? «Certes, avec le gendarme du marché à nos trousses, l'on ne peut se permettre désormais de surévaluer un titre; mais n'empêche qu'il existe, et il existera toujours des études téléguidées pour soutenir le cours de telle ou telle valeur», nous confie un analyste qui requiert l'anonymat. Il est vrai que dans un marché qui tend de plus en plus vers l'efficience, les notes de recherche jouent un rôle primordial pour orienter les investisseurs dans leurs choix. Ce sont des repères indispensables. Mais quel crédit peut-on accorder à une note de recherche publiée par une SDB sur une entreprise lambda dont elle a auparavant piloté l'introduction en Bourse ? N'y a-t-il pas là un conflit d'intérêts ? Surtout lorsque l'on constate de plus en plus que, dans leur démarche, les SDB sont sélectives en ce sens qu'elles ne formulent de prévisions que lorsqu'elles ont de bonnes nouvelles à annoncer. Difficile en tout cas de définir la frontière entre déontologie et mercantilisme quand il faut impérativement drainer des commissions de placement. Même si la circulaire n°07/01 relative aux règles de bonne conduite applicables aux sociétés de Bourse est là pour rappeler qu'en vue de préserver l'intégrité du marché, la SDB doit s'abstenir d'«abuser de situations privilégiées, procéder à des manipulations de cours, diffuser dans le public des informations fausses ou trompeuses et acheter ou vendre des valeurs sur la base d'informations confidentielles ou privilégiées».