Le marché boursier reste peu liquide et lessentiel du chiffre daffaires est drainé par peu de sociétés cotées. Lexemple dEuronext à travers le market making, le spécialiste en valeurs moyennes, lapporteur de liquidité La Bourse de Casablanca a organisé récemment son 4ème workshop sous le thème: «Marchés et liquidités : entre principes et réalité», auquel ont participé de nombreux intervenants du marché. Il sagissait, à travers les débats, de favoriser léchange dexpérience entre les experts du marché boursier national et international, doù la présence de Vincent Van Dessel, Directeur général dEuronext Bruxelles. Creuser pareil thème semble plus quutile, eu égard au manque de liquidité qui caractérise le marché boursier casablancais et qui a toujours amené les analystes à réclamer du papier en quantité sur la place. Une analyse des chiffres dévoilés par Mohamed Amrani, président du Directoire de BMCI Bourse, permet, à cet égard, davoir une idée plus précise de la situation qui prévaut à la Bourse de Casablanca. Il savère ainsi que les volumes de transactions sont très fluctuants, quand bien même une tendance à la hausse est observée depuis 2002. En 1999, ils se sont établis à 94,4 Mds de DH, avant de suivre un trend baissier pour sétablir à un plus bas de 22,45 Mds de DH en 2002. Depuis cette date, une reprise progressive a eu lieu, le volume des transactions sétablissant à 53,7 Mds de DH en 2003 et culminant à 96,1 Mds de DH à fin octobre 2005. Lessentiel du chiffre daffaires drainé est néanmoins le fait de peu de sociétés, dautant plus que 10 valeurs représentent 75% des volumes sur le marché central. De même, sur le marché de blocs, 10 valeurs drainent 96% des volumes. En simplifiant le raisonnement, ce sont 16 valeurs qui semblent faire le marché, puisquon notera que IAM, CIH, BMCE, Attijariwafa bank sont parmi les valeurs qui drainent du volume sur les deux compartiments du marché boursier. Par ailleurs, lune des caractéristiques de la place est que la capitalisation reste très concentrée, dautant plus que la part des 10 plus grandes sociétés cotées dans la capitalisation boursière totale est de lordre de 77%. Globalement, selon Amrani, il faut améliorer la liquidité globale du marché, vu que le ratio de liquidité sétablit à octobre 2005 à 8,2% contre 18% en 1999, tandis que la vitesse de circulation des actions est passée de 0,61 en 1999 à 0,31 en 2004. Lexpérience dEurnoext Toutefois, la multiplication des introductions en Bourse semble certes être une démarche nécessaire, mais pas suffisante pour booster la liquidité dun marché. De lavis de Van Dessel, qui a exposé lexpérience dEuronext, dautres facteurs influencent la liquidité, dont notamment la diversité des acteurs (particuliers, institutionnels locaux et étrangers, fonds techniques, arbitragistes, daytraders ), linformation véhiculée par les sociétés cotées et la capitalisation boursière disponible dans le marché. Van Dessel a, à ce titre, dévoilé un certain nombre de solutions de marché, comme le market making, le «hoekman», le spécialiste en valeurs moyennes, lapporteur de liquidité et lanimation de marché. Le market making, utilisé dans les pays anglo-saxons, est une forme de négociation bilatérale dans laquelle le market maker opère une transaction sur ordre dun intermédiaire financier qui agit pour le compte dun client investisseur. Cette formule offre, entre autres, lavantage davoir des prix négociés, puisque les conditions de transactions (prix et quantités) sont décidées par les deux parties. Néanmoins, «les spreads sont parfois prohibitifs et la transparence reste limitée», précise Van Dessel. Le «hoekman» est, quant à lui, un intermédiaire spécialisé qui intervient sur les marchés financiers pour son propre compte de manière continue en indiquant en permanence les prix d'achat et de vente qu'il propose pour des quantités données, contribuant ainsi à la liquidité du marché. Entre autres inconvénients, il peut retarder la cotation. Concernant les experts en valeurs moyennes, statut octroyé par la Bourse, ils ont pour mission daméliorer la liquidité des valeurs moyennes. Ils émettent des rapports danalyse ponctuels (à chaque annonce de la société) et annuellement avec une mise à jour semestrielle, donnant ainsi davantage de visibilité aux investisseurs. Pour ce qui est de lapporteur de liquidité, cest un modèle créé en 2001 pour se substituer aux teneurs de marché, hoekman et spécialistes au sein dEuronext. Sa mission est damortir les variations de volatilité sur le marché et surtout les mouvements brusques en cas de faibles volumes. Il sengage ainsi à «positionner simultanément des ordres à l'achat et à la vente, en respectant une quantité minimum (fixée en nombre de titres ou en capitaux), ainsi qu'une fourchette de prix d'une largeur maximum (généralement fixée en pourcentage) dénommée spread». Lun de ses atouts est quil permet détablir une relation de confiance et de conseil entre lémetteur et lintermédiaire. Le contrat danimation Lune des autres solutions de marché est le contrat danimation qui lie en général un intermédiaire à une société, un actionnaire ou groupe dactionnaires. Si, comme le souligne Van Dessel, le suivi est professionnel, il nen reste pas moins quil peut y avoir «suspicion de manipulation ou de délit dinitié, même si cela reste facile à vérifier». Rappelons quau Maroc le contrat danimation est scrupuleusement encadré, comme la, du reste, souligné Rachid Ellakhdi, de la société de Bourse MSIN. «Il est ainsi obligatoire pour les sociétés cotées au 2ème et 3ème compartiment», souligne-t-il. La société de Bourse (SDB) doit être agréée et la personne en charge de lanimation séparée des autres activités. En cela, la SDB doit offrir à lachat et à la vente une quantité minimale de titres comprise dans une fourchette maximale de 2% par rapport au cours de référence. Les quantités minimales à offrir sont de 1.000 titres si le cours est inférieur à 100 DH, 200 titres sil est compris entre 100 et 500 DH et 100 titres si le cours est supérieur à 500 DH. En outre, la SDB doit assurer une fréquence de cotation quotidienne du titre. Par ailleurs, lémetteur doit obligatoirement être informé des opérations effectuées sur le titre selon une certaine périodicité. Néanmoins, précise Ellakhdi, «le contrat danimation ne signifie pas aller à lencontre du mouvement de fond du marché du titre, ou même amplifier la tendance du marché dudit titre». Sur le plan pratique, à fin octobre 2005, sur un total de 211 jours, 4 valeurs ont traité chaque jour, 32 plus de 100 jours et 8 valeurs ont traité moins de 30 jours. Il faut préciser que si peu dentreprises font le marché actuellement, cest également parce que les investisseurs nont pas beaucoup de visibilité sur les autres. Se limitant au strict minimum imposé par la législation en vigueur, elles ne communiquent guère sur leurs stratégies et perspectives de développement. A défaut dinformations fiables et claires, les investisseurs restent donc logiquement méfiants vis-à-vis de ces sociétés. Cest dire quon aura beau améliorer le cadre des opérations, en important même certains modèles dEuronext, le premier effort à fournir doit provenir des sociétés cotées à travers une communication financière plus soutenue et mieux élaborée susceptible de donner plus de visibilité aux investisseurs et gagner leur confiance.