Président du directoire de BMCE Capital Bourse et de l'APSB, Youssef Benkirane annonce que depuis le début de l'année, la baisse du volume d'échange de 40% a impacté très négativement l'activité des sociétés de Bourse. ALM : En tant que président de l'APSB, comment évaluez-vous la performance des sociétés de Bourse (SDB) en 2008 ? Youssef Benkirane : La Bourse de Casablanca a clôturé, pour la première fois depuis 2003, l'année 2008 sur un repli de 13,5%. Ce revirement de tendance découle du climat d'incertitude qui s'est installé dans le marché après qu'il ait atteint, au 13 mars 2008, des niveaux de valorisation jugés élevés, ce qui rendait inévitable, aux yeux des investisseurs, une correction du marché. En 2008, les volumes ont atteint 244 milliards contre 360 milliards de dirhams en 2007, certes en régression de 32 %, mais il faut rappeler que l'année 2007 a été exceptionnelle. Globalement, on peut dire que l'année 2008 a été bonne pour les sociétés de Bourse, même si la régression de leur chiffre d'affaires, corrélée évidemment au volume d'échange, allait de 18 à 40% selon les sociétés de Bourse. Les comptes 2008 des SDB n'ont pas encore été publiés donc il n'est pas possible de connaître avec précision les performances. Quel est l'impact de la crise sur les sociétés de Bourse qui tirent l'essentiel de leurs chiffres des commissions ? Le chiffre d'affaires des sociétés de Bourse est étroitement lié au volume du marché. La crise qu'a connue notre marché en septembre 2008 a eu un impact direct sur les volumes et comme on l'a dit plus haut les niveaux de volume en 2008 sont restés honorables. Par contre depuis le début 2009, la baisse du volume d'échange (-40%) conjuguée à la baisse des cours impactent très négativement l'activité des SDB. Cette année, le marché bousier n'a connu aucune introduction en Bourse. Quel en est l'effet sur les sociétés de Bourse ? Le marché boursier est beaucoup plus dynamique lorsqu'il y a des introductions en Bourse, ce qui implique une activité soutenue, ce qui n'est pas le cas en ce moment. L'APSB compte 17 sociétés de Bourse adhérentes. Quelles sont les sociétés les plus affectées par la crise ? Vu les volumes enregistrés par la Bourse de Casablanca en 2009, on peut avancer que l'ensemble des sociétés de Bourse est affecté par la crise. Il est certain que les leaders vont résister plus facilement que les autres. De manière générale, les SDB qui sont actives depuis au moins 2003, ont pu , pendant les années fastes, constituer des réserves qui vont aujourd'hui leur permettre de dépasser ce cap. En effet, pour celles qui sont arrivées récemment ça sera plus difficile. Certaines sociétés de Bourse, notamment les plus petites, pensent à mettre la clé sous le paillasson. Que fait l'APSB pour les soutenir ? Comme je vous l'ai précisé plus haut, les temps sont durs, mais aucune société de Bourse ne m'a fait part de sa volonté d'arrêter son activité. L'APSB agit dans le cadre de la mission qui lui est assignée, principalement participer activement au développement et à la modernisation du marché financier marocain. L'APSB dispose parmi ses membres de ressources extraordinaires, riches en expériences de formations diverses. Mon rôle en tant que président de l'APSB, c'est de maintenir cette «flamme allumée», c'est aussi fédérer toutes ses forces au service du développement de la Place de Casablanca. Peut-on s'attendre à des introductions en Bourse au cours du deuxième semestre 2009 ? Le marché gagne progressivement en confiance. Le Masi a effacé l'ensemble de ses pertes accumulées depuis le début de l'année et évolue en territoire positif actuellement. Les volumes, bien que nettement inférieurs à l'année précédente, sont en légère progression. Des indicateurs encourageants pour motiver des introductions en Bourse dans le futur. Il pourrait donc y en avoir si les effets de la crise (de confiance) s'estompent. Je le souhaite vivement pour notre place financière.