Près d'une semaine après l'adoption le 16 juillet du projet de loi-cadre N°51.17 relatif au système de l'éducation, de l'enseignement, de la formation et de la recherche scientifique en commission à la Chambre des représentants, l'ancien chef de gouvernement Abdelilah Benkirane s'est prononcé sur la position de son parti, particulièrement du Conseil national du PJD. Dans une vidéo de 38 minutes, Abdelilah Benkirane défend l'idée que l'abstention n'est pas une position qui sied à la responsabilité « historique » du PJD, surtout connaissant la position de ses membres sur la question de l'alternance des langues d'enseignement des matières scientifiques. Une position hostile à l'abandon de la langue arabe dans l'enseignement des matières scientifique. L'ancien n°1 du PJD a d'ailleurs salué le vote contre le projet de loi par les députés du PJD Al Mokri Abou Zaid et Mohamed el Otmani, particulièrement contre les articles 2 et 31 dudit projet. D'ailleurs Benkirane, qui dénonce le non-respect des institutions du pays, dévoilera un fait pour le moins grave. En effet, il avance que dans la mouture du projet de loi tel qu'il l'a reçu des mains du Roi à Casablanca, la définition de l'alternance des langues a été modifiée lors de son passage du conseil de gouvernement qui l'a validé au conseil des ministres avant d'atterrir au Parlement. Question de se dédouaner de la mouture actuelle du projet de Loi-cadre passé sous son ère ? Le propos de Benkirane dans cette vidéo renferme par ailleurs beaucoup d'incohérences du genre. Notamment en assurant que le Maroc a déjà entamé l'enseignement des matières scientifiques en français avant même que le projet de la loi cadre ne soit voté, « ce qui renseigne sur notre valeur en tant que peuple », depuis l'ère de Belmokhtar. Paradoxalement, l'ancien chef de gouvernement était aux commandes lorsque Rachid Belmokhtar exerçait en tant que ministre de l'Education nationale et de la formation professionnelle du 10 octobre 2013 au 5 avril 2017, sous le gouvernement Benkirane II. Pourquoi l'ancien chef de gouvernement n'a-t-il pas réagit à l'époque ? L'une des assertions les plus étranges dans la séquence vidéo de Benkirane est qu'il assure que l'attachement à la monarchie ne se mesure pas par le degré de soumission à certaines décisions. Pour faire volte-face quelques minutes plus tard et dire que la monarchie ne doit pas être mêlée à ce sujet et que le combat est plutôt avec les adeptes de l'influence coloniale au Maroc. Tout en défendant les institutions de l'Etat, il estime que le PJD n'a pas le courage pour se dresser face aux orientations de « l'Etat », c'est à se demander ce qu'entend réellement Abdelilah Benkirane par l'Etat ! Autre argument avancé par Benkirane, qu'il balaye d'un revers de la main est que l'usage de la langue française dans l'enseignement des matières scientifiques aurait des conséquences catastrophiques sur les élèves, les Marocains ne maîtrisant pas bien cette langue et ne pouvant pas aider et accompagner leurs enfants dans leur cursus. Pour dire juste après, qu'il aurait été plus opportun d'opter pour l'anglais comme langue d'enseignement des matières scientifiques, à l'instar du Rwanda. Jusqu'à preuve du contraire, les Marocains ne maîtrisent pas plus l'anglais que le français ! Benkirane qui reproche à El Otmani de s'être aligné sur la position du RNI, de l'UC, de l'USFP ... et du PAM, reproche au conseil national du PJD d'avoir tranché sur la question au lieu de convoquer un congrès pour prendre une décision en cohérence avec la position de ses bases populaires. D'ailleurs il conjure le conseil de ne pas prendre des dispositions disciplinaires contre les deux députés ayant voté contre le projet de loi et appelle les instances du parti à laisser les députés voter en leur âme et conscience. Voilà donc une nouvelle vidéo qui mettra l'équipe El Otmani dans l'embarras dans la conjoncture actuelle où la question des langues d'enseignement divise la population entre ceux qui s'attachent à la langue arabe et ceux qui estiment que l'usage des langues étrangères serait une planche de salut pour un enseignement en panne !