Abdelilah Benkirane a rejoint la «coordination» hétéroclite réunissant des opposants à la «francisation» de l'enseignement. Il y a de tout : des islamistes de différentes obédiences, des conservateurs nationalistes et des représentants d'une gauche en voie de décomposition. C'est désormais officiel. Abdelilah Benkirane a rejoint les rangs des signataires d'une pétition contre la «francisation de l'enseignement», lancée au lendemain de l'adoption par la Chambre des représentants de la loi-cadre 51.17. L'adhésion de l'ancien chef du gouvernement est la principale nouveauté de la liste actualisée, publiée hier sur la page Facebook du «Collectif national pour la langue arabe», présidé par Fouad Abou Ali. En revanche, la signature de l'avocat Abderrahmane Ben Ameur, ex-secrétaire général du PADS (gauche), est passée inaperçue même si il est réputé pour ses positions en faveur de la langue arabe et des arabes en général. Et il en est de même pour celles de Mohamed El Hamdaoui d'Al Adl wal Ihsane et Abdessamad Belkébir, un ancien de l'OADP. Le reste des noms, tels l'ancien ministre M'Hamed Khalifa de l'Istiqlal, Ahmed Raissouni, président de l'Union internationale des oulémas musulman (sunnites) ou encore le député du PJD Abou Zeid El Idrissi, figurait déjà sur la liste révélée en juillet. Benkirane s'offre une nouvelle tribune Par ailleurs, le communiqué publié par le Collectif à l'issue d'une réunion tenue le 7 août est quasiment identique à leur sortie du 19 juillet. Une fois de plus, il invite les Marocains à s'opposer à la «francisation de l'enseignement» et «à l'invasion francophone». Cependant, les signataires du communiqué n'ont pas annoncé un programme d'actions de protestations dans les rues contre la loi-cadre portant sur l'enseignement. Depuis quelques semaines, le secrétaire d'Etat chargé de l'Enseignement supérieur, Khalid Samadi du PJD, aimait à préciser que la «francisation de l'enseignement» au Maroc a commencé en 2015. Une allusion à la circulaire, publiée le 10 octobre 2015, par l'ancien ministre de l'Education nationale, Rachid Belmokhtar, sous le gouvernement Benkirane II, visant à rétablir l'enseignement des matières scientifiques en langue française. En rejoignant la liste des amis de Fouad Abou Ali, Abdelilah Benkirane s'offre une autre tribune pour défendre son opposition à la loi-cadre 51-17. Au PJD, l'écrasante majorité des députés et des conseillers islamistes ont fini par se conformer à la décision du secrétariat général de la Lampe, appelant à voter en faveur du texte adopté en conseil des ministres présidé le 20 août 2018 par le roi Mohammed VI. Article modifié le 2019/08/09 à 21h02