Le style c'est l'homme. Saâdeddine El Othmani veut faire sienne cette citation de Buffon en marquant son parcours à la tête du gouvernement de son empreinte. Sur le dialogue social et la langue amazighe, il se différencie nettement de son prédecesseur Abdelilah Benkirane. Le chef du gouvernement était, hier, l'invité spécial de la séance d'ouverture du 5e congrès de la langue arabe tenue au Théâtre Mohammed V de Rabat. La présence de Saâdeddine El Othmani était très attendue par les organisateurs, d'autant que le bureau de la Chambre des conseillers a, cette année, et en l'absence de la majorité de ses membres, refusé d'apporter sa traditionnelle contribution financière au conclave. Une décision annoncée fin janvier, au Collectif pour la langue arabe mais sans y apporter la moindre justification. Dans ce contexte, la participation du chef de l'exécutif revêt une importance capitale et pour les amis de Fouad Abou Ali, le président du Collectif, et surtout pour le PJD. Les islamistes de la Lampe (parti, Mouvement unicité et réforme et ministres) ont ainsi assisté en masse à l'événement. Actuellement, ils sont les principaux porte-paroles des défenseurs de l'arabe au sein des deux Chambres du Parlement. En témoigne la proposition de loi présentée par le groupe des députés de la Lampe exigeant une arabisation de l'enseignement et des annonces publicitaires, tout en menaçant d'amendes les contrevenants. El Othmani se démarque de Benkirane Ce 5e congrès a été l'occasion pour El Othmani de marquer sa différence avec son prédécesseur au secrétariat général et à la présidence du gouvernement. En effet, Abdelilah Benkirane profitait de ce genre de tribune pour exacerber l'animosité des amazighs à son encontre par des blagues déplacées ou en ignorant l'apport des berbères dans l'expansion de l'islam et de la langue arabe dans la région. Dans son allocution, El Othmani a quant à lui loué la contribution des amazighs dans le rayonnement de l'arabe au point de la rendre langue officielle au Maroc. Les Almoravides, les Almohades et les Mérinides (tous des dynasties amazighes ayant régné au Maroc et en Andalousie) ont effectivement joué un rôle déterminant dans l'islamisation et l'arabisation de toute la région de l'Afrique du nord et ailleurs. La position défendue par El Othmani ne constitue pas une nouveauté. C'est en effet grâce à lui, et à d'autres berbères PJDsites, que Benkirane a été contraint d'inscrire l'officialisation de l'amazighe sur la liste des propositions du parti soumises en 2011 au Mécanisme pour la réforme de la constitution mis en place par le roi Mohammed VI. Néanmoins, ils n'avaient pu empêcher l'ancien secrétaire général de conditionner cet objectif à l'adoption d'une loi organique.