Saâdeddine El Othmani aborde le forum des jeunes du PJD avec confiance. Il ne s'y rendra pas les mains vides. En plus de deux cadeaux déjà envoyés, le chef du gouvernement participe à la réunion avec le sentiment que sa gestion des affaires du pays est plutôt acceptée par le roi Mohammed VI. En attendant le congrès ordinaire du PJD prévu en décembre prochain, la jeunesse islamiste tiendra son 13e forum à Fès du 5 au 13 août. Un rendez-vous crucial pour le chef du gouvernement dans sa quête de glaner de nouveaux soutiens dans les différentes structures parallèles de la Lampe, appuyant sa succession à Abdelilah Benkirane lors du très attendu conclave. Avant même la tenue de la réunion, Saâdeddine El Othmani a déjà envoyé deux précieux «cadeaux» aux participants. C'est en effet grâce à sa médiation que le ministère de l'Intérieur a finalement levé ses réserves et autorisé les jeunes du PJD à tenir leur forum. Une décision annoncée brièvement et sans grand enthousiasme, vendredi 27 juillet, par le secrétaire général Khalid Boukeriî dans un post sur sa page Facebook. La journée du samedi 28 juillet a également apporté une bonne nouvelle à l'ensemble des PJDistes : une grâce royale à l'égard des cinq jeunes de la Lampe condamnés chacun, deux semaines auparavant, à un an de prison ferme pour «apologie du terrorisme» suite à des commentaires postés sur les réseaux sociaux exaltant l'assassinat de l'ambassadeur russe en Turquie, en décembre dernier. El Othmani avance doucement Une libération qui devrait apporter davantage d'eau au moulin des partisans d'El Othmani au sein de la structure des jeunes, une organisation majoritairement acquise à Benkirane. Pour mémoire, l'interpellation des cinq PJDistes s'était produite alors que le même Benkirane présidait le gouvernement et que Mustapha Ramid était à la tête du ministère de la Justice et du parquet général. Avec ces deux «cadeaux», le chef de l'exécutif aborde le forum de la Jeunesse avec confiance. Contrairement à son prédécesseur, il peut s'estimer heureux d'avoir été épargné des vives critiques du roi Mohammed VI à l'égard de la classe politique et des élus. Dans son discours du Trône, le roi a dénoncé toute une grappe de responsables qui ne cessent de prétexter qu'ils sont empêchés de faire leur travail. Le souverain leur a conseillé de présenter «[leur] démission», arguant que «personne ne les en empêche !». Certains analystes n'ont pas hésité à avancer, sur les plateaux des chaînes officielles, que ces propos seraient destinés à Abdelilah Benkirane. Durant son mandat à la tête du gouvernement, le secrétaire général du PJD a brillé par ses attaques contre l'«autoritarisme», les «démons» et les «crocodiles». Un registre de langage auquel El Othmani n'adhère pas.