7 Le Royaume du Maroc, comme d'autres pays du monde, célèbre le 8 mars de chaque année la Journée internationale de la femme. C'est une occasion qui met en avant les acquis et les défis du Royaume en matière de lutte contre la discrimination et de la promotion de l'égalité des droits et de la parité, en cohérence avec les dispositions de la Constitution de 2011 et de celles de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des Femmes (CEDEF). Il est à rappeler que le Maroc a lancé plusieurs chantiers de réformes politiques, sociales et économiques au cours des dernières décennies visant l'ancrage des principes des droits de l'homme au sein de son système constitutionnel, législatif et organisationnel, ainsi que ses programmes de développement et inclusion sociale . A cet égard, nous citons l'une des lois importantes en faveur des droits des femmes, la promulgation en 2004 d'un nouveau Code de la famille, la Moudawana, qui a introduit des améliorations substantielles à la condition de la femme. Cette loi était considérée comme «une révolution sociale et législative». Avec cette nouvelle réforme, le statut personnel des femmes marocaines a connu un véritable progrès, même s'il ne répond pas à toutes les attentes des femmes et des hommes attachés aux principes d'égalité et d'équité. Ensuite, multiples réformes ont été initiées en vue de promouvoir les droits de la femme et d'œuvrer pour son autonomisation. Citons le Code de la nationalité, la scolarisation des filles, l'accès des femmes aux postes de décision, l'adoption de l'approche genre dans tous les domaines et des programmes de lutte contre la violence à l'égard des femmes, la ratification de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF) et la levée des réserves la concernant, ainsi que la Constitution 2011 consacre le principe de l'approche genre et l'a encadré par un ensemble de mécanismes et d'instances. Ainsi il est stipulé dans le 1er article de la constitution « Le régime constitutionnel du Royaume est fondé sur la séparation, l'équilibre et la collaboration des pouvoirs, ainsi que sur la démocratie citoyenne et participative, et les principes de bonne gouvernance et de la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes. » A vrai dire que depuis l'année 2004, qui coïncide avec l'adoption d'un nouveau Code de la famille, le Maroc a enregistré une évolution notable en matière de droits des femmes et d'égalité des sexes. Cette évolution a été marquée par des réformes institutionnelles et législatives ; par le lancement de stratégies d'intégration de l'approche du genre, ainsi que par la promotion de la représentation politique des femmes et leur accès aux mandats électifs en adoptant le principe du « quota » dans le cadre de la discrimination positive. Ansi , la mise en œuvre des politiques de lutte contre les discriminations par la mise en place d'une budgétisation sensible au genre (BSG) qui a pour objectifs, notamment, de rendre les politiques publiques et les pratiques budgétaires transparentes et efficaces afin de réduire les multiples dimensions de la pauvreté et les inégalités différenciées selon le genre, assurer l'équité du genre et améliorer l'efficacité et la cohérence des politiques publiques à travers une meilleure allocation des ressources budgétaires. Sachant que ces avancées réalisées en matière des droits des femmes, n'auraient sans doute pas été possibles s'il n'y avait pas une mobilisation et un militantisme des forces vives de la société civile féminine. En conclusion, il existe une volonté politique au Maroc favorable au changement et au renforcement des valeurs égalitaires concrétisées à travers plusieurs initiatives en vue de promouvoir les droits des femmes. Mais, bien que des réformes législatives et institutionnelles importantes aient été initiées par le Maroc, la parité de genre dans la sphère publique n'est pas totalement atteinte. Cela est dû aux structures de pensée liées à la culture sociétale, qui associent le sexe féminin à l'infériorité, ce qui influence la position sociale des femmes et même leur autonomie économique. C'est pourquoi, l'introduction des principes d'égalité des sexes dans l'éducation et dans la société demeure une priorité pour changer les comportements. Ecrit par Khalid Cherkaoui Semmouni Professeur à la Faculté de Droit à Rabat et à l'ISIC