Incontestable ! Aujourd'hui, le niveau de développement de la société, de toute société, se mesure à l'aune du capital investi, à chaque instant, dans la promotion de son (de leur) capital humain et à l'aune de la promotion de l'approche genre visant à éliminer les inégalités entre les sexes et entre les jeunes et les adultes. S'il y a, donc, une question prioritaire à faire valoir pour surmonter la plupart des problèmes de développement, c'est bien la question d'un meilleur partage des responsabilités entre les femmes et les hommes et la mise en place d'un partenariat hommes-femmes pour le développement et l'égalité des chances. C'est bien cette approche qui sous-tend la stratégie d'institutionnalisation de l'égalité entre les sexes dans la Fonction Publique, que le ministre de la Fonction Publique et de la Modernisation de l'administration, M. Mohamed Moubdiï, a lancée mercredi 25 mai 2016 à Rabat. Organisée en partenariat avec ONU-Femmes, cette rencontre nationale a vu la participation de décideurs politiques, d'invités étrangers, de représentants d'organisations internationales et de la société civile et de représentants de masses média écrits, électroniques et audiovisuels, notamment. Étalée sur la période 2016-2020, cette stratégie s'inscrit dans le processus de réformes initié par le gouvernement et dont l'objectif principal vise à promouvoir l'effectivité de l'égalité hommes-femmes dans la Fonction Publique, conformément aux dispositions constitutionnelles, à travers l'intégration transversale du principe de l'équité et de l'égalité de genre dans les réformes entamées par le ministère. Conformément, également, à la Vision perspicace de Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui œuvre pour que le Maroc dispose d'une stratégie intégrée s'articulant, selon une approche participative, autour de trois axes majeurs, à savoir : l'investissement dans les infrastructures et les secteurs productifs, dans un environnement de libéralisme et d'ouverture ; la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales et enfin la mise en œuvre de réformes politiques et sociétales visant à élargir les espaces de participation démocratique et à promouvoir la situation de la femme. Dans cette lignée, la stratégie qui vient d'être lancée devrait permettre à la femme d'accéder aux hautes fonctions et aux postes de responsabilité. Un objectif ambitieux dont la mise en œuvre requiert tout d'abord un changement de mentalité et une ferme conviction du fait que le développement passe absolument par l'implication, la contribution et par l'engagement de toutes les forces vives de la nation. Aujourd'hui, la discrimination à l'égard des femmes fonctionnaires est une réalité qui ne souffre aucun doute. Dans son allocution lors de cette rencontre, Mme Bassima Hakkaoui, ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social, a d'ailleurs souligné que la femme marocaine peine toujours à accéder aux postes de responsabilité et aux instances de prise de décision, et ce, malgré sa forte présence dans la Fonction Publique. Chiffres à l'appui : si le taux de féminisation dans l'administration est de 35%, selon les chiffres officiels du ministère au titre 2014, en 1958, ce taux n'était que de 1,5% seulement. Il a atteint 20,8% en 1981, 34% en 2002 et 37% en 2009. Au niveau des postes de responsabilité, le taux de féminisation en 1998 était de 2,7% au niveau du poste de directeur, de 4,4% au poste de chef de division et de 6,9% au poste de chef de service. Le taux de féminisation aux postes de responsabilité était de l'ordre de 10% en 2001, et de 14% en 2006. En 2009, ce taux a atteint 15%, selon les données officielles du ministère. Certes, les réformes constitutionnelles et législatives de ces quinze dernières années, l'abrogation de lois discriminatoires à l'encontre des femmes et l'adoption de dispositions consacrant l'égalité et la non-discrimination, ainsi que la levée des réserves à la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF), constituent autant de fondements solides pour l'élimination des discriminations. Ces avancées ont été réalisées grâce à la volonté, l' engagement et l'implication de Sa Majesté le Roi, avec la participation de la société civile dans un contexte caractérisé par une très forte volonté politique, l'implication des gouvernements qui se sont succédé tout au long de ces deux dernières décennies et un dynamisme soutenu des acteurs de développement et des organisations de défense des droits des femmes et des droits humains. Une dynamique qui a fécondé sans doute un foisonnement de plans stratégiques et la mise en place et le renforcement des structures dédiées à la promotion de l'égalité et la prise en compte de l'égalité des sexes dans la Fonction Publique. Dicté par l'impératif majeur selon lequel le service public relève de la responsabilité partagée entre les hommes et les femmes, qu'il est signe de bonne gouvernance et reflet de l'équilibre sociétal possible et que le processus de modernisation de l'administration publique ne pourra réussir qu'avec la pleine reconnaissance des droits et l'atteinte d'une égalité effective entre les femmes et les hommes fonctionnaires.