Quatre années de travail ont été nécessaires à l'Association marocaine de Sciences infirmières et Techniques sanitaires pour établir un diagnostic du secteur et pour élaborer des recommandations à même de débloquer la situation de crise. Fruit de quatre années de travail, le rapport « Politiques des ressources humaines pour la santé RH : Contextes, Références et Bilan » de l'Association marocaine de Sciences infirmières et Techniques sanitaires est une mine d'informations, ayant fait contribuer les professions de santé de différentes régions. L'objectif du rapport étant de contribuer à l'éclaircissement des processus de prise de décision, décrire l'écart entre la planification et la réalisation en matière des RH et de proposer des recommandations pour enrichir la politique nationale des RH. Le rapport fait d'abord état de la faible formation des effectifs des personnels soignants (moins de 1.000 médecins et 3.000 infirmiers et techniciens de santé annuellement). Il a aussi, mis en évidence le déséquilibre dans la répartition, ce qui dénote d'une iniquité entre les régions (40% des professionnels du public et 60% des professionnels des deux secteurs sont concentrés dans deux régions Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra où vivent 34% de la population). « Le constat interpelle les différents acteurs à lever les défis pour la rétention et la fidélisation du personnel dans la fonction publique et dans les zones éloignées. Il en est de même pour assurer une adéquation entre la formation et les besoins réels de la population en santé, et corriger de ce fait le fossé qui s'accentue au fil des années », informe l'association. Le rapport soulève par ailleurs plusieurs constats. D'abord, la réalisation des obligations du gouvernement est partielle : « le gouvernement hésite encore à réaliser des mesures des RHS surtout ceux qui concernent les professions de soins de santé, tous profils confondus (Référentiel d'Emploi et de Compétences, Bourses d'études à l'étranger, Ordres professionnels, Généralisation de la prime de rendement...) », révèle l'AMSITS. Ensuite, les mesures entreprises, notamment, la révision du statut des professions infirmières, sages-femmes, techniques de santé et de rééducation, ont créé davantage de protestations et de mécontentements. Cette situation a perturbé la paix sociale au sein du secteur, au lieu de répondre aux besoins pertinents et réels, facteur nécessaire pour atteindre les résultats et la réconciliation des citoyens avec le service public de santé, nous apprend le rapport. Enfin, le rapport soulève quelques discordances entre les propositions des mesures qui ne figurent ni dans le programme gouvernemental ni dans la stratégie ministérielle telles que le service national sanitaire. « Notre Association, soucieuse de la situation qui prévaut dans le secteur de la santé, et conformément à sa mission et ses objectifs, soumet à l'appréciation des différents acteurs, notamment, ceux impliqués dans les prises de décisions, dix recommandations jugées plus pertinentes pour contribuer à l'amélioration de la qualité et les performances des ressources humaines », souligne-t-on. Voici les 10 alternatives proposées pour débloquer la situation de crise : 1. Elaboration d'un plan national des RHS multisectoriel et concerté ; 2. Organisation d'une conférence nationale des RHS ; 3. Consécration d'une journée nationale des RHS ; 4. Création d'un Observatoire National des RHS par le gouvernement ; 5. Augmentation des effectifs des RHS et répartition équitable sur tout le territoire national, surtout les personnels soignants (médecins et infirmiers). Des mesures créatives pour lutter contre la pénurie et des mesures de fidélisation comme une prime de zones éloignées et l'assurance de logement seront souhaitables ; 6. Concernant la formation des RHS, nous rappelons le contenu de notre énoncé de position concernant l'investissement davantage dans la formation infirmière de base, nous encourageons une approche d'apprentissage durant tout le parcours de sa vie professionnelle et une généralisation et démocratisation de la formation continue, surtout par les moyens technologiques modernes ; 7. Motivation des personnels de santé par la révision des salaires, l'équité en prime de risques et l'égalisation des chances entre les catégories dans l'Examen d'Aptitudes Professionnelles, l'exonération des tickets modérateurs, la promotion des œuvres sociales, alternance et démocratisation des postes de responsabilité… 8. Assurer l'écoute des voies de tous les RHS en redynamisant le dialogue social sectoriel aux niveaux national, régional et provincial, et en créant les autres ordres professionnels des infirmiers, des sages-femmes et autres spécialités ; 9. Création d'une coalition des associations civiles pour appui aux RHS ; 10. Encouragement des programmes d'échange et de coopération internationale des professionnels de santé, surtout la coopération Sud-Sud avec les pays d'Afrique, et appui aux coalitions africaines des professionnels de santé dont le Maroc est membre. L'Association est toujours disposée à continuer son travail pour développer son expertise dans le suivi/évaluation des politiques publiques dans le domaine de santé.