Se sentant « méprisés » et « oubliés » par le gouvernement, les infirmières et les infirmiers se rebiffent sur les réseaux sociaux. Ils appellent même à des manifestations et grèves pour exprimer leur mécontentement. Mounia Kabiri Kettani Tout a commencé le 23 Juin lors de la séance des questions orales de la chambre des conseillers. Le passage du ministre de la santé, Khalid Ait Taleb n'est pas passé inaperçu. Dans son exposé sur le système de santé au Maroc et les défis à relever après la pandémie du coronavirus, le ministre a « omis » de valoriser le travail colossal fourni par les infirmiers dans la cadre de la lutte contre le covid-19. Au moment où il a insisté à maintes reprises sur les efforts entrepris par le corps médical. Quelques minutes après la fin de la séance, les réseaux sociaux s'enflamment. Pour certains infirmiers, c'est la désillusion, la douche froide.... «Nous avons l'impression que notre profession est reléguée au second plan et que la stratégie de restructuration du système de santé n'intéresse que les médecins », a fait valoir l'un des infirmiers sur la page Facebook d'un groupe dédié à la profession. Entre la déception et la colère, la communauté infirmière hausse le ton et appelle à des grèves et manifestations devant le siège du ministère de la santé. Une faute sans gravité Contacté par l'Observateur du Maroc et d'Afrique, Habib Karroum, président de l'association marocaine des sciences infirmières et techniques sanitaires (AMSITS) relativise et qualifie l'incident de la chambre des conseillers par «la faute sans gravité ». Selon lui, «personne ne pourra exclure les infirmiers qui constituent à la base 60% de la masse salariale de tout le secteur soit 32.000 professionnels. En gros, pour Karroum, les remerciements, les applaudissements et les discours politiques sont une chose. Le passage à l'action en est une autre. Si les infirmiers parlent d'exclusion, le président de l'association marocaine des sciences infirmières et techniques sanitaires (AMSITS), lui, affirme qu'on ne peut parler de cela que lorsque le ministre ne tiendra pas ses promesses annoncées au début de la pandémie et ne répondra pas aux doléances des professionnels. Mais pour le moment « peu importe les mots : on va juger sur la base des actes ». Doléances des infirmiers Sur les attentes des infirmiers, Karroum explique qu'il faut d'abord accélérer le déblocage des fonds qui seront versés sous formes de primes. Une mesure qui a été annoncée par le ministère de tutelle mais qui tarde toujours à voir le jour. Autre point phare : la régularisation de la situation de certains infirmiers qui ont ont bénéficié de deux de formation et qui attendent la promotion exceptionnelle depuis des années déjà. «5.000 infirmiers sont concernés. Et ils partiront bientôt en retraite. Si leur dossier n'est pas réglé, leurs droits seront bafoués », insiste Karroum. A côté, ce dernier incite à la révision du système d'indemnisation des risques professionnels... Et pour calmer les esprits et éviter les dérives, Karroum appelle le ministre de la santé à inviter tous les représentations professionnelles de la filière (syndicats professionnels, association...) dans les plus brefs délais, pour non seulement prouver que la profession a toujours sa place mais aussi mettre en place une feuille de route pour la restructuration du secteur avec un échéancier clair et précis.