La ville ocre avait ce lundi un rendez-vous avec l'histoire. Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières a été adopté lors de la conférence intergouvernementale de l'ONU sur la migration. A l'ouverture des travaux de cette conférence internationale qui se poursuit ce mardi à Marrakech, le discours du Roi Mohammed VI a insisté sur ce fait historique et sur le tournant majeur et heureux que constitue l'adoption de ce Pacte : « Et elle est heureuse : de même qu'en 1948, l'humanité s'éveillait définitivement à l'universalité des droits humains, par-delà les nations, les cultures et les civilisations. De même, en 2018, elle s'éveille résolument à la globalité des migrations, par-delà les frontières, les clivages et les continents. L'Histoire retiendra que c'est sous le mandat et l'égide de Son Excellence Monsieur António Guterres, que se tint cet événement fondateur », souligne le discours dont la lecture a été donnée par le Chef de gouvernement, Saadeddine El Othmani. Le Souverain a insisté sur le fait que « la question migratoire n'est pas – et ne devrait pas – devenir une question sécuritaire. Répressive, elle n'est nullement dissuasive. Par un effet pervers, elle détourne les dynamiques migratoires, mais ne les arrête pas. La question de la sécurité ne peut pas faire l'impasse sur les droits des migrants : ils sont inaliénables. Un migrant n'est pas plus ou moins humain, d'un côté ou de l'autre d'une frontière ». En effet, pendant longtemps cette question a alimenté les débats, souvent réduisant la gestion des flux migratoires à une question de sécurité des frontières, omettant le drame humain qui la dynamique même de ce phénomène. Et le Roi de rappeler : « Le Pacte Mondial n'est pas une fin en soi. Il ne fait sens que par sa mise en œuvre effective. C'est pourquoi, la Conférence de Marrakech est, avant tout, un appel à l'action. A cet appel, l'Afrique répond d'ores et déjà présent ! Elle n'entend pas être en marge. L'Afrique ne sera pas l'objet du Pacte Mondial. Elle en sera un acteur. Un acteur central ». A cet effet, il faut souligner que la journée de lundi a été couronnée par la l'Appel de Marrakech. Les représentants des Etats adhérents au Pacte mondial sur les migrations et ceux des organisations internationales ont appelé à prendre les mesures nécessaires à même de réaliser les objectifs du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, présent au Maroc depuis le week-end, a relevé que le Pacte insiste sur la nécessité de proposer davantage de filières légales permettant d'avoir accès aux pays, aux entreprises et aux marchés du travail qui ont besoin de ressources humaines. « Le Pacte propose également un cadre de réflexion sur les stratégies d'appui au développement dans les pays d'origine, la migration devant être un acte de choix et jamais de désespoir », poursuit-il. Pour le responsable onusien, le Pacte de Marrakech donne voix au chapitre aux femmes et des filles, qui sont particulièrement vulnérables et représentent près de la moitié des 260 millions de migrants à travers le monde, tout en offrant un cadre pour mieux se préparer à des problèmes imminents, notamment les mouvements de population aggravés par les changements climatiques. Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a insisté pour sa part sur la responsabilité collective et partagée de tout un chacun : «Nous sommes incontournables les uns pour les autres, nous avons fait la preuve de flexibilité en optant pour un cadre multilatéral global pour incarner cette conscience à travers l'adoption éminente du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ». Cette journée de lundi a également été marquée par la signature, par Le Maroc et l'Union africaine, de l'accord de siège de l'Observatoire africain des migrations, une proposition de SM le Roi Mohammed VI en qualité de leader de l'UA sur la question de la migration, entérinée par les chefs d'Etats africains.