En termes de prévisions, ce PLF 2023 semble décidemment optimiste au vu du contexte général et estime la croissance du PIB à +1,5% pour l'année en cours (vs. 0,8% pour BAM et +0,9% pour le scénario central de BKGR). Au terme du troisième trimestre d'une année fortement impactée par (i) le conflit russo-ukrainien, (ii) la persistance du renchérissement des produits alimentaires et énergétiques et (iii) les craintes de récession mondiale, les pressions inflationnistes peinent à s'estomper et ce, en dépit du virage décidemment Hawkish négocié par les principales Banques Centrales courant 2022. Dans ce sillage et à l'issue de leurs dernières réunions de politique monétaire, la FED, la BCE et la BoE ont toutes procédées aux relèvements de leurs taux d'intérêts de +75 pbs afin de tenter de juguler une inflation difficilement maitrisable. Ce contexte international fébrile et l'année de sécheresse historique ont pesé sur la situation économique nationale, rappelle BKGR. En effet, les récents indicateurs économiques semblent de plus en plus appuyer le scénario stagflationniste avec, d'une part, des signes réels de ralentissement économique illustrés par une décélération du PIB national à +1,8% au T3 22 (vs. +2% T2 22) et, d'autre part, une intensification de l'inflation qui culmine au niveau record de +8,3% en septembre 2022. Les chiffres du Marché du travail ont, quant à eux, un goût doux-amer. Certes le taux de chômage a reculé de 0,4 point à 11,4% sur les 9 premiers mois de l'année, mais davantage de postes ont été supprimés que créées (210 000 vs. 152 000). Au registre du commerce extérieur et pâtissant de la flambée du cours des hydrocarbures, la balance commerciale se creuse de +53,3% à -234,5 Mds de DH à fin septembre 2022. Au volet des Finances Publiques et en dépit de l'explosion des dépenses de compensation (+209% à 27,9 Mds de DH), le solde budgétaire ordinaire s'améliore à -8,5 Mds de DH (vs. -38,2 Mds de DH) profitant de la progression notable des recettes fiscales de 19,7% à 199 Mds de DH dans un contexte général de hausse des prix. C'est dans ce climat que le Gouvernement a présenté au Parlement un PLF 2023. Ainsi une série de réformes fiscales ont été proposées dont : x Une retenue à la source non libératoire de 30% sur les rachats de cotisations des plans d'épargne retraite ; x La révision des taux actuels d'IS pour atteindre progressivement d'ici 2026 (i) une réduction à 20% comme taux normal de droit commun applicable à toutes les sociétés dont le bénéfice net est inférieur à 100 MDH, (ii) une hausse à 35% pour les sociétés ayant un bénéfice net supérieur ou égal à 100 MDH et (iii) et une augmentation à 40% pour les établissements de crédit et organismes assimilés, BAM, CDG et les entreprises d'assurance et de réassurance ; x La baisse progressive du taux de la retenue à la source sur les produits des actions, parts sociales et revenus assimilés de 15% à 10% ; x Et, la reconduction pour 3 nouvelles années de la contribution sociale de solidarité sur les entreprises (soit jusqu'en 2025). Le volet social est également très présent avec la mise en œuvre de la généralisation des allocations familiales durant l'année 2023 dont les bénéficiaires sont estimés à 7 millions d'enfants relevant de familles pauvres ou en situation de précarité et à 3 millions de ménages n'ayant pas d'enfants en âge de scolarité pour des engagements budgétaires de près de 10 Mds de DH. Enfin, le volume global des investissements publics est annoncé à la hausse avec une enveloppe globale de 300 Mds de DH (+22%) dont : 45 Mds de DH relatifs au Fonds Mohammed VI pour l'investissement, (ii) 95,5 Mds de DH au titre du budget général, comptes spéciaux du Trésor et des services de l'Etat gérés de manière autonome, (iii) 140,5 Mds de DH à travers les collectivités territoriales. En termes de prévisions, ce PLF 2023 semble décidemment optimiste au vu du contexte général et estime la croissance du PIB à +1,5% pour l'année en cours (vs. 0,8% pour BAM et +0,9% pour le scénario central de BKGR). Même son de cloche pour l'année 2023, pour laquelle il prévoit une progression de la valeur ajoutée de +4% et ce, sous l'hypothèse, difficilement tenable compte tenu des conditions pluviométriques actuelles, d'une campagne céréalière (normative) de 75 MQx. Au volet budgétaire, les recettes de l'Etat ressortiraient en hausse de +16% à 536,4 Mds de DH tandis que les dépenses afficheraient une hausse moins marquée de +14% à 408,1 Mds de DH (dont MAD 26 Mds de DH au titre de la compensation). Le déficit budgétaire se fixerait ainsi à 65,8 Mds de DH, soit -4,5% du PIB en 2023. Pour ce qui a trait aux prix à la consommation, le Gouvernement table sur une inflation de seulement +5,3% pour l'année en cours et de +2% pour 2023. « Objectifs ambitieux sur un laps de temps aussi court compte tenu du caractère importé de l'inflation laissant peu de marge de manœuvre à BANK AL MAGHRIB mais également du délai d'action minimum nécessaire à une politique monétaire pour porter ses fruits », selon BKGR. Le Marché boursier semble, quant à lui, avoir mal réagit aux récentes annonces notamment (i) la hausse du taux directeur qui a accéléré l'inflexion déjà entamée de l'arbitrage en faveur des taux, (ii) des différentes mesures fiscales devant grever, dans l'ensemble, la capacité bénéficiaire des sociétés cotées et (iii) la composante insuffisante de la relance économique dans le PLF 2023. Le MASI clôture ainsi le mois d'octobre sur une baisse de -18,98% en y-t-d au moment où le MSI 20 accumule des pertes de -20,37% depuis le début de l'année. Enfin et dans l'attente de la mouture finale du PLF 2023 qui sera votée par les deux chambres du Parlement et d'une meilleure visibilité sur l'évolution de la prochaine campagne agricole, BMCE Capital Global Research maintient inchangée son scénario économique ainsi que sa matrice des risques et des opportunités de l'économie marocaine pour le moment.