Les projections de croissance au Maroc demeurent optimistes, malgré une tension palpable sur les prix notamment de l'énergie. Les principales performances économiques et financières ont été scrutées par BMCE Capital Global Research 5BKGR) dans son « STRATEGY » du mois d'octobre qui fait également un focus sur le PLF 2022. Le redressement de l'économie se confirme avec une reprise de la demande intérieure et une progression de l'activité économique. On note par ailleurs que la situation des charges et ressources du Trésor a dégagé, à fin septembre 2021, un besoin de financement de 57 Mds de DH, couvert principalement par le recours au marché de la dette intérieure à hauteur de 49,6 Mds de DH et la mobilisation de financements extérieurs de 7,4 Mds de DH (en net pour les deux) ainsi que par la hausse des dépôts au Trésor pour 13,9 Mds. Les taux primaires se sont maintenus, dans ces conditions, à des niveaux globalement stables. La bonne conduite de la politique monétaire semble bien efficace pour atténuer l'impact de la flambée des prix à l'international des hydrocarbures et des matières premières sur l'inflation puisque l'indice des prix à la consommation ressort en hausse mensuelle limitée à +0,7% avec un indicateur d'inflation sous-jacente en augmentation de +2,2% sur une année, note la revue de BKGR. Ceci étant on s'attarde sur les menaces, notamment la tendance ascendante des coûts de production à fin septembre chez les agro-industriels, l'industrie chimique et la métallurgie, avec respectivement des hausses de +3,3%, +6,4% et +1,6% et qui augurent de possibles tensions sur les prix de vente dans les mois à venir. Au volet des échanges extérieurs, la dynamique se poursuit dans les deux sens avec des exportations en croissance de +22,1% à 230,4 Mds de DH et des importations en progression de +23,4% à 382,3 Mds de DH. Le déficit commercial se dégrade de -25,5% à 151,8 Mds de DH pour un taux de couverture de 60,3%. La hausse de la facture énergétique de +36,8%, résultant d'un double effet prix et volume (suite à la reprise de la consommation après l'allègement des mesures sanitaires), en est, en grande partie, à l'origine. On souligne par ailleurs une bonne orientation des exportations et la reprise de la consommation interne qui re-boostent la machine des industries locales comme en témoigne le taux d'Utilisations des Capacités Industrielles -TUC- dont le niveau atteint 73% à fin septembre 2021 contre 70% une année auparavant. C'est en se basant sur ces éléments que la Banque Centrale a, lors de sa troisième réunion trimestrielle de l'année 2021, tenue le 13 octobre dernier, revu à la hausse ses prévisions de croissance économique, tablant désormais sur +6,2% en 2021 (+0,9 pt par rapport aux prévisions de juin dernier), portée par une hausse de la valeur ajoutée non agricole de +4,6% et de celle agricole de +18,8% compte tenu d'une récolte céréalière de 103,2 MQX. Sur cette base BAM table sur croissance de +3,0% en 2022 avec une poursuite de l'amélioration du rythme des activités non agricoles de +3,6% et une baisse de -3,3% de la valeur ajoutée agricole, sous l'hypothèse d'un retour à une production céréalière normative. « De notre côté, nous avons fait le même exercice pour 2021 et 2022 et avons établis, dans le cadre de notre scénario central pour les deux années, des PIB en progression de +6,0% et de +3,4% respectivement. Ces bonnes perspectives de l'économie marocaine ainsi que la confirmation du recouvrement de la capacité bénéficiaire des sociétés cotées au S1 2021 ont largement alimenté l'up trend de la Bourse de Casablanca qui clôture le 10ème mois de l'année sur des appréciations de +2,8% pour le MASI et de de +2,17% pour le MSI20, portant leurs performances cumulées annuelles à des niveaux respectifs de +20,09% et de +19,47% », souligne BKGR. La revue de BKGR fait un focus sur le PLF 2022 dont la première mouture « semble s'ériger comme le point de départ de la mise en œuvre du programme du nouveau Gouvernement, lui-même inscrit dans le sillage des orientations prônées par le Nouveau modèle de développement », analyse-t-on. « En attendant, ce PLF vise la réalisation d'ambitions raisonnables, cherchant vraisemblablement à éviter de prendre des risques inutiles en matière de stabilité macro-économique dans un contexte marqué par de fortes incertitudes, particulièrement au niveau international », souligne-t-on. En effet, la flambée en cours des prix des hydrocarbures et des matières premières fait resurgir le spectre d'une stagflation mondiale aux retombées imprévisibles sur la dynamique du commerce mondial et sur les conditions de financement à venir notamment.