Selon William Ruto, président du Kenya, le continent africain perd chaque année 18 milliards de dollars à cause des conflits. Au 46e Sommet de l'UA qui démarre aujourd'hui, plusieurs défis attendent la nouvelle présidence. Décryptage... Chaque année, l'Afrique perd 18 milliards de dollars à cause des conflits, selon le président kényan William Ruto. Un chiffre alarmant qui illustre l'un des défis majeurs auxquels doit faire face l'Union africaine (UA), alors que s'ouvre aujourd'hui son 38e sommet à Addis-Abeba. Dans un contexte marqué par une montée des tensions sécuritaires, une série de crises politiques et une croissance économique freinée, l'organisation panafricaine se retrouve une fois de plus face à ses propres contradictions. Peut-elle réellement peser sur les décisions stratégiques du continent, ou restera-t-elle une institution au poids symbolique, incapable d'imposer ses résolutions aux Etats membres ? Lire aussi | L'UM6P et STATION F s'associent pour renforcer l'innovation entre l'Europe et l'Afrique Ce sommet, où les instances dirigeantes seront renouvelées, sera un test crucial pour la nouvelle présidence de l'UA, qui devra gérer plusieurs dossiers brûlants. La crise au Sahel, où le retrait de certains pays de la CEDEAO fragilise l'intégration régionale, les tensions en République démocratique du Congo, et la lente mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) figurent parmi les priorités. En parallèle, les financements de l'organisation restent largement dépendants des bailleurs étrangers, limitant son autonomie d'action. Face à ces défis, « l'UA devra démontrer sa capacité à se réformer en profondeur pour répondre aux attentes d'un continent en quête de stabilité et d'émergence », nous confie l'économiste Samuel Mathey. Ce sommet marquera-t-il un tournant ou un énième rendez-vous manqué ? Une organisation de défis... « Comment faire revivre le panafricanisme et l'ardente obligation d'entraide et de soutiens mutuels entre nous ? », questionne Moussa Faki Mahamat dans sa lettre envoyée aux chefs d'Etat des pays membres de l'Union africaine (UA), le 30 septembre dernier. Dans son courrier adressé aux pays membres, publié par Jeune Afrique, Moussa Faki Mahamat demande aux chefs d'Etat du continent de s'atteler à une intense réflexion sur les institutions et leur fonctionnement. Il regrette des décisions « sans effets significatifs sur le réel politique et sur le terrain » et une impuissance de l'UA face aux crises traversées par certains pays. Zlecaf, crise en Libye, RDC-Rwanda, putschistes d'Afrique de l'Ouest et centrale, réforme financière de l'UA... Les défis qui planent sur l'institution sont réels. Lire aussi | Union africaine. Confrontation entre le Maroc et l'Algérie pour le poste de vice-président « Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, M. Nasser Bourita, préside la délégation marocaine participant à la 46e session ordinaire du Conseil exécutif de l'Union africaine qui se tient en prélude au sommet ordinaire des chefs d'Etat, prévu les 15 et 16 février 2025. William Ruto, président du Kenya, estime que le continent africain perd chaque année 18 milliards de dollars à cause des conflits. Ce rappel à la veille du 38e Sommet de l'UA explique que plusieurs défis attendent les concertations des différents acteurs africains qui marqueront la nouvelle présidence kényane de cette institution. Les travaux de la 46e session ordinaire du Conseil exécutif de l'Union africaine ont débuté, mercredi à Addis-Abeba, avec la participation du Maroc », explique le consultant en géopolitique Driss Aissaoui. Et de poursuivre : « le Maroc insiste sur l'urgence d'une réponse collective pour faire taire les armes en Afrique. La réunion du Conseil exécutif sera notamment marquée par l'élection de cinq membres du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l'UA. Cette session élira aussi six commissaires de l'UA et se penchera sur l'examen du rapport annuel sur les activités de l'Union et de ses organes. Cette réunion examinera, d'autre part, les projets d'ordre du jour et des décisions qui seront soumis au 38e sommet de l'UA ». Pour l'économiste Samuel Mathey, « Le nouveau président de l'organisation, comme celui de sa commission, seront très attendus sur l'application des réformes, mais aussi sur les relations avec les autres puissances mondiales ». Commission de l'Union africaine, l'autre enjeu Le 15 février à Addis-Abeba, le successeur de Moussa Faki Mahamat doit être élu et le bureau renouvelé, lors du sommet annuel organisé en l'absence de cinq pays – le Gabon, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et la Guinée, tous suspendus des instances. Trois candidats des pays d'Afrique de l'Est s'affrontent pour le poste de la présidence alors que quatre autres issues des pays d'Afrique du Nord concourent pour celui de vice-présidente, notamment le Maroc, l'Egypte et l'Algérie. La candidate du Maroc, Latifa Akharbach, est une figure bien connue sur la scène diplomatique. Ancienne journaliste, puis ministre déléguée aux Affaires étrangères et présidente de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), elle s'est imposée au fil des ans comme une personnalité centrale de la diplomatie marocaine. Son parcours marqué par des missions internationales, notamment en tant qu'ambassadrice du royaume en Tunisie, et des responsabilités variées fait d'elle une candidate solide. Pour le Maroc, qui a réintégré l'UA en 2017 après une absence, cette élection est l'occasion de renforcer son influence au sein de l'organisation, et de confirmer son rôle de leader en Afrique.