Depuis la présentation du PLF2022 par la ministre de l'Economie et des Finances Nadia Fettah Alaoui, les analyses sur la fiabilité des hypothèses, la relance escomptée et les moyens de financement mis en œuvre font les choux gras des médias. Il faut dire que comme annoncé par CDG Capital Insight dans une récente note d'analyse, le PLF 2022 intervient dans un contexte exceptionnel, aussi bien sur le plan conjoncturel que structurel, marqué par la nécessité de la mise en œuvre de plusieurs chantiers stratégiques et de réformes. « En effet, en dépit du redressement de l'activité économique en 2021, et ce après un exercice choc de 2020, les finances publiques demeurent sous l'effet des séquelles de la crise covid19 avec d'un côté, une perte fiscale importante comparativement à un scénario hors crise, estimée par CDG Capital Insight à plus que 40 Mds de DH sur les exercices 2020 et 2021, et des exigences de dépenses en forte hausse, principalement d'ordre social et d'investissement », rappelle CDG Capital. De même, les équilibres des finances de l'Etat ont été fortement déstabilisés avec (i) une détérioration du taux de couverture des charges courantes par les recettes fiscales ; (ii) la montée en puissance du déficit public et (iii) la hausse importante de l'endettement au titre du budget général, particulièrement la part en monnaie étrangère. D'après leur analyse, les hypothèses retenues dans l'élaboration du PLF2022 semblent optimistes. « Le PLF 2022 s'articule sur une consolidation de la reprise économique aussi bien au niveau national, particulièrement pour la composante non agricole du PIB, qu'au niveau international, notamment chez nos partenaires commerciaux. Toutefois, bien que les cours des matières premières et énergétiques retenus pour l'élaboration du projet ont été révisés à la hausse, les dernières évolutions enregistrées principalement sur le marché de l'énergie laissent présager des pressions plus importantes sur les prix », annoncent les analystes. Ainsi, au niveau national après la reprise importante du PIB de 5,6% estimé pour l'année 2021, en résultat principalement du résultat exceptionnel de la campagne agricole 2020/2021, avec une production céréalière de 103 millions de quintaux et une reprise en « V » de la composante non agricole de 3,8% estimé pour 2021 contre –5,8% enregistré en 2020, la croissance réelle prévue pour l'année 2022 s'élève à 3,2% sur la base d'une récolte céréalière moyenne de 80 millions de quintaux, générant ainsi, une régression de 0,7% de la composante agricole et un léger essoufflement des activités non agricoles en liaison avec la dissipation de l'effet de base relatif au choc covid19 enregistré en 2020. Pour ce qui est de la demande, le PLF semble également optimiste malgré la détérioration du pouvoir d'achat des ménages et la situation difficile des finances publiques pour accompagner le programme ambitieux d'investissement du gouvernement. S'agissant des prix des matières premières et énergétiques, l'orientation des prix en 2022 semble globalement défavorable avec la forte reprise de la demande face à une pénurie de l'offre, particulièrement sur le marché de l'énergie, comme en témoigne l'évolution récente du prix du baril de pétrole qui a dépassé le seuil de 80 dollars avec des perspectives haussières. La relance par l'investissement public Après une année 2020 marqué par un effort d'investissement historiquement important de 230 Mds de DH, l'Etat compte poursuivre sa stratégie de relance par l'investissement public en révisant encore une fois l'enveloppe à la hausse de 6,5% à 245 Mds de DH, provenant du budget de l'Etat (budget général, Compte spéciaux du Trésor et Services de l'Etat gérés d'une manière autonome) à hauteur de 89 Mds de DH, des EEP avec 92 Mds de DH, du Fonds Mohammed VI pour l'investissement pour 45 Mds de DH et des collectivités territoriales avec 19 Mds de DH. L'investissement au titre du budget général prévu pour l'exercice 2022, selon la répartition par Ministère, ressort une concentration dans quatre secteurs prioritaires, en l'occurrence le Ministère de l'économie et des finances pour les charges d'investissement des communes avec 30,9 Mds de DH, l'agriculture et la pêche avec 11,9 Mds de DH, l'éducation avec 8,3 Mds de DH et la santé avec 6,9 Mds de DH. Notons par ailleurs, l'amélioration du taux d'émission lequel est passé à 84% en 2020 contre une moyenne de 79% sur la période 2017-2019 et l'instauration par le nouveau projet d'une nouvelle réforme visant à supprimer définitivement les reports au titre d'investissement, initialement autorisé par le Loi organique à 30%. Pour ce qui est des EEP, après une année 2021 marquée par une augmentation de 22% des investissements à 72 Mds de DH, les prévisions pour l'exercice 2022 prévoient une hausse à 92 Mds de DH, un montant toujours concentré par les EEP du périmètre à gestion stratégique (à hauteur de 70%), en l'occurrence : ONE (11 Md de DH), Holding Al Omrane (4,5 Mds de DH), les régies de distribution (3,3 Mds de DH), l'ONCF (2,9 Mds de DH), Casa transport (2,7 Mds de DH) et ADM (2 Mds DH). S'agissant du Fonds Mohammed VI pour l'investissement, il est à préciser que l'ensemble des démarches réglementaires et statutaires ont été concrétisées avec la promulgation de la Loi 76.20 du 31 décembre 2020 et son décret d'application n° 2.21.67 du 19 Février 2021 portant approbation des statuts de SA avec fixation du capital social à 15 Mds de DH totalement délibéré. A cet effet, Les préparatifs sont en cours pour la tenue du 1er Conseil d'administration devant approuver plusieurs résolutions afférentes au démarrage effectif du Fonds.