Ecrit par la Rédaction | Depuis plus de deux décennies, le secteur public a massivement investi pour le développement des infrastructures de base aussi bien sur le plan économique que social. Rien que pour les trois derniers exercices, les données relatives aux flux d'investissement du secteur attestent de l'effort déployé en la matière et ce malgré les secousses de la pandémie. Toutefois cet investissement n'est pas sans impact. Le volume d'investissement réalisé par l'ensemble des établissements et entreprises publics s'est en effet établi à 71 Mds de DH en 2019. « En 2020, l'effort d'investissement a fléchi à cause de la crise sanitaire qui a mis à rude épreuve les finances publiques de l'Etat. Le montant global s'est replié de 17% à cause de la sévérité des effets de la pandémie », annoncent les analystes du CMC dans une récente analyse.. A la clôture de l'année 2021, les investissements du secteur devraient atteindre un volume global de 84 Mds de DH, en hausse de 42% par rapport à l'exercice précédent. La répartition des investissements fait ressortir que plus des deux tiers de ces investissements sont réalisés par les EEP relevant du périmètre stratégique dont principalement, le groupe OCP, ONEE, ANP, TMSA... Aussi et comme souligné par les analystes du CMC, les projections pour les années à venir tablent sur le maintien d'une cadence soutenue en matière d'investissement pour accompagner le Maroc dans la mise en œuvre de son nouveau modèle de développement. Les unités opérant dans les domaines de l'énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement s'accaparent plus du tiers du volume des investissements programmés dans le secteur, suivies des opérateurs dans les domaines des infrastructures et transport qui réalisent plus de 26 % des investissements du secteur. Les activités de l'habitat, de l'urbanisme et du développement territorial arrivent en troisième position avec une part représentant 14 % du total des investissements. Les secteurs sociaux incluant la santé, l'éduction et la formation bénéficient, quant à eux, de près de 10 % de l'effort d'investissement de l'ensemble des établissements et entreprises publics. Le reste des programmes d'investissement se répartit entre les secteurs de l'agriculture, des pêches, de la finance, de l'artisanat et du tourisme. A noter que la diversité des programmes d'investissement entrepris sur plusieurs années par les établissements et entreprises publics dans les différents secteurs de leur intervention que ce soit dans le domaine économique ou social a nécessité la mobilisation d'importantes ressources d'emprunt sur les marchés interne et externe. L'encours des dettes de financement accumulé au terme de l'exercice 2020 est estimé à 297 Mds de DH en léger accroissement par rapport à l'année précédente. L'exercice 2021 marqué par l'atténuation des effets de la pandémie devait s'achever sur une forte progression de l'encours de la dette des établissements et entreprises publics pour atteindre 321 Milliards de DH, en hausse de 8,3 % par rapport à l'année 2020. Le portefeuille public relevant des activités à gestion stratégique est le principal bénéficiaire des dettes de financement avec un encours représentant 95 % du total. « Globalement, la dette consolidée des établissements et entreprises publics qui bénéficient de la garantie de l'Etat représente 25 % du PIB nominal. Cette dette rapportée aux fonds propres du secteur demeure relativement maitrisée avec un taux d'endettement qui se situe actuellement autour de 50 % « , rappellent les analystes du CMC. L'analyse détaillée de la structure des dettes de financement montre cependant que l'encours de la dette est concentré sur un nombre limité d'établissements relevant du périmètre marchand à gestion stratégique. Le taux d'endettement de ces établissements calculé en rapportant leur dette de financement au chiffre d'affaires correspondant a largement dépassé ces dernières années 120 %. Cette situation, outre le fait qu'elle pèse sur les capacités d'investissement des établissements concernés, est porteuse de risque pour l'Etat en cas de défaut de paiement. Une forte dépendance de l'Etat En sus de l'endettement qui monte en flèche, le financement des activités du secteur des établissements et entreprises publics marque par une forte dépendance du budget de l'Etat. Ce secteur bénéficie en effet de ressources budgétaires sous forme de subventions ou dotations allouées à certaines entités au titre de la contribution de l'Etat à leurs dépenses de fonctionnement et/ou d'équipement. Ces ressources sont complétées dans le cas de certaines entités publiques par l'affectation des recettes au titre des taxes parafiscales. Accompagnant la dynamique du secteur et son développement soutenu, les transferts budgétaires de l'Etat ont connu une forte progression au cours des dix dernières années en passant de 16,8 Mds de DH en 2011 à 41,2 Mds de DH en 2021, enregistrant ainsi un taux d'accroissement moyen de 9,7 % par an. Les emplois de ces transferts se répartissent à raison de 63 % pour les dépenses de fonctionnement, de 32 % pour les dépenses d'équipement et le reste est affecté à l'augmentation du capital des entités publiques concernées. Accompagnant la dynamique du secteur et son développement soutenu, les transferts budgétaires de l'Etat ont connu une forte progression au cours des dix dernières années en passant de 16,8 Milliards de DH en 2011 à 41,2 Milliards en 2021, enregistrant ainsi un taux d'accroissement moyen de 9,7 % par an. Les emplois de ces transferts se répartissent à raison de 63 % pour les dépenses de fonctionnement, de 32 % pour les dépenses d'équipement et le reste est affecté à l'augmentation du capital des entités publiques concernées. Au total, l'investissement public prévu est certes de plus en plus important mais son taux de réalisation demeure toujours limité malgré des efforts notables déployés ces dernières années : 84% en 2020 contre seulement 64% en 2013. Par ailleurs, la FBCF qui représente en moyenne presque 30% du PIB est jugée moins efficiente comparativement à un échantillon de pays de référence. Selon une étude du HCP datant de 2016, l'efficacité de l'utilisation du capital telle qu'elle est mesurée par l'indicateur ICOR (Incrémental Capital Output Ratio) s'élève en 2014 à 7,2 signifiant qu'un point supplémentaire de croissance nécessite une augmentation de 7,2 points de d'Investissement. Cet indice est jugé trop élevé au Maroc comparativement à d'autres pays ( ICOR de la Corée du Sud : 2,9 ; ICOR Turquie : 5,2% ; ICOR Espagne : 5,7). On n'a eu cesse de le dire, l'amélioration de la croissance au Maroc passe par une amélioration de l''efficience de l'effort d'investissement.