Ecrit par L.B. | Depuis quelques temps, le Syndicat national de l'enseignement supérieur dénonce la nouvelle vision du ministre de l'enseignement supérieur qui retarderait la mise en œuvre de la loi-cadre 51-17. Outre le boycott des Assises Régionales de l'enseignement, le syndicat (région Casablanca) s'apprête à mener une grève régionale de 72 H pour dénoncer ce qu'il qualifie dysfonctionnements du secteur. Depuis qu'il est à la tête du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifiques et de l'innovation, Abdellatif Miraoui ne cesse de susciter le débat mais aussi la grogne. Principalement en raison de ses multiples décisions aussi bien en ce qui concerne le ménage qu'il a fait au sein de son ministère en remerciant tous les hauts cadres ayant un lien avec son prédécesseur ou encore celles prises à contre-courant des réformes entreprises dans le cadre de la loi-cadre. Une loi qui a été adoptée dans l'objectif d'assurer et de garantir la continuité des réformes engagées indépendamment des mandats gouvernementaux. Le ministre avait promis d'opérer une réforme pédagogique globale et intégrée, depuis la première année jusqu'au doctorat. Une promesse qui peine à se concrétiser sur le terrain, 8 mois plus tard. Le ministre attend-t-il l'achèvement des Assises Régionales de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique, et de l'innovation qui se poursuivent dans les différentes régions du Royaume pour entamer réellement son travail ? Ce qui est certain c'est que même ces Assises censées fédérer tous l'écosystème de l'enseignement supérieur divisent, à en croire certaines sources. « Ces Assises, dont les objectifs demeurent encore peu clairs et dont l'issue est de plus en plus floue, sont présentées par Miraoui, dans ses différentes interventions, comme étant une première en son genre. Or, d'après les Présidents d'Université et des enseignants sondés à ce sujet, les Assises sont un duplicata marketé des tournées régionales qui ont été organisées par ses prédécesseurs Amzazi et Ouaouicha. Il s'agit ni plus ni moins d'un relooking d'un fonds ayant déjà fait le consensus des acteurs socio-économiques et régionaux. La majorité des actions qui en ont découlé ont même été lancées auparavant ! », nous confie une source proche du dossier qui souhaite gardée l'anonymat. Tous ces facteurs sont à l'origine des tensions au sein du corps professoral. Et pour cause, il est vrai que chaque ministre doit apporter sa pierre à l'édifice avec son propre modus operandi. Toutefois, il n'est pas opportun de remettre tout à plat surtout dans un secteur vital pour les générations à venir et pour l'avenir du pays. Faut-il rappeler que la continuité de la réforme de l'enseignement a été à l'origine de la loi-cadre relative à la réforme de l'enseignement supérieur. C'est parmi les raisons ayant provoqué la grogne du Syndicat national de l'enseignement supérieur. Ledit syndicat a appelé à plusieurs occasions à boycotter les Assises régionales et à rejeter toutes leurs recommandations qui vont, selon de nombreux témoignages, à l'encontre des intérêts de l'enseignant et de l'étudiant. Le syndicat de la région Casablanca est allé plus loin en annonçant, suite l'assemblée générale régionale tenue le vendredi 20 mai, une grève de 72 heures soit du 1er au 3 juin (mercredi, jeudi et vendredi) au sein de tous les établissements de l'enseignement supérieur de la région de Casablanca. Une caravane vers la capitale est également à l'ordre du jour avec un sit-in devant le ministère de tutelle le 2ème jour de grève. Le syndicat, dans un communiqué parvenu à EcoActu.ma, menace même de boycotter la prochaine rentrée universitaire si ses revendications ne sont pas pris en compte. Selon notre source, ces Assises régionales, dont le coût est significativement plus consistant que celui des tournées régionales et dont l'organisation a d'ores et déjà fait polémique, se prolongeront durant tout le mois de mai. Des Assises à l'international sont prévues au mois de juin pour aller à la rencontre de la diaspora marocaine. « Des Assises nationales auront lieu avant la fin de l'exercice universitaire courant pour édifier un nouveau modèle de l'Université marocaine aux standards internationaux », ajoute notre source. Ce modèle d'Université que Miraoui prône sera donc mis à l'épreuve à compter de la rentrée universitaire 2023-2024, soit dans 2 ans. D'où la question : pourquoi opter pour une nouvelle réforme (une nième ?) du système éducatif, qui va prendre 2 ans, alors que la Loi-Cadre 51-17 trace clairement les orientations stratégiques à suivre ?