Dans le cadre de sa lecture préliminaire du programme AWRACH, l'Observatoire de l'Action Gouvernementale (OTRAGO), a décelé un nombre de fragilités à pallier pour éviter la mise en échec de l'un des engagements du gouvernement. Détails. Dans le cadre de la mise en œuvre de ses engagements inclus dans sa déclaration gouvernementale, en matière d'emploi, le gouvernement marocain a lancé le programme « AWRACH », une initiative dirigée et soutenue dans le domaine de l'emploi, à travers laquelle il vise à créer 250 mille opportunités d'emploi, avec une enveloppe budgétaire de 2,25 milliards de dirhams, d'ici deux ans. Dans ce sens, une circulaire émise par le Chef de Gouvernement, Aziz Akhannouch, a été signe ce 12 janvier 2022, pour donner le top départ au programme AWRACH qui vise l'accompagnement des exclus du marché du travail et des catégories touchées par les répercussions de la pandémie de COVID-19, en améliorant leur employabilité et en augmentant leurs chances d'insertion professionnelle. La circulaire a mis l'accent sur l'adoption d'un ensemble d'incitations financières et sociales, en plus de l'appui technique et de la qualification, comme mécanismes pour suivre, garantir le succès du programme et pour fournir les postes de travail souhaités, grâce à des partenariats territoriaux entre départements ministériels, institutions publiques, autorités locales et collectivités territoriales , en plus des associations de la société civile, coopératives locales et entrepreneurs du secteur privé, sans exiger aucune qualification pour les bénéficiaires du programme. Lors de la signature de cette circulaire, il a été présenté l'architecture de pilotage de ce chantier. La gouvernance du programme se compose de trois niveaux, un niveau national à travers le comité stratégique qui assure la planification, la supervision générale et la direction du programme, et un niveau régional à travers le comité régional qui travaille à la gestion du programme des chantiers d'appui à l'intégration durable, en plus le niveau provincial qui gère à lui les chantiers généraux. Ce rappel fait, le rapport de l'Observatoire de l'Action Gouvernementale (OTRAGO) a apprécié dans un premier temps l'orientation du gouvernement vers l'accélération de la mise en œuvre de ses engagements en matière d'emploi, en fixant le cadre général du programme AWRACH et en assurant son lancement dans un délai n'excédant pas 3 mois à compter de l'investiture du gouvernement. Le rapport souligne que le programme est classé dans le cadre d'un nouveau type de politique générale de l'emploi, dont notre pays vient d'opter pour la première fois, le gouvernement a eu recours à l'adoption de politiques « passives » en matière de l'emploi, visant principalement à soulager la pression sur le marché du travail, et à protéger la compétitivité de la valeur du travail, en retardant l'accès d'une partie importante des demandeurs d'emploi au marché du travail. OTRAGO note par ailleurs l'orientation économique positive du programme, qui permettra de contribuer à l'augmentation du taux de consommation, à travers les revenus qu'ils procureront au grand nombre de bénéficiaires. Entre autres remarques contenues dans le rapport, il est souligné l'approche expérimentale positive de la mise en œuvre du programme, en se contentant dans un premier temps du lancement du programme dans un nombre limité de provinces. Les points de faiblesses Ceci étant, OTRAGO a formulé la crainte d'imposer une gestion bureaucratique, et de compliquer les procédures pour bénéficier du programme, que ce soit pour les opérateurs ou les bénéficiaires, à travers les comités régionaux et provinciaux. L'une des craintes est que la fragilité et la précarité des opportunités d'emploi résultant du programme, ainsi que leur limitation dans le temps, peuvent entraîner des tensions sociales, en cas de difficultés des bénéficiaires d'accéder au marché d'emploi. Il est également avancé la crainte d'une exploitation partisane et politique du programme, compte tenu de la gestion régionale et provinciale des institutions élues, et compte tenu de la domination des partis composant le gouvernement sur la majorité des conseils régionaux et provinciaux, qui pourrait menacer l'inclusion dans le programme de divers groupes et zones territoriales. Le rapport révèle par ailleurs, la passivité du rôle secondaire accordé aux institutions publiques chargées de l'emploi, au risque de ne pas leur permettre de jouer leur rôle et de bénéficier de leur expérience dans le domaine de l'emploi et auprès des différents demandeurs d'emploi. La prédominance d'une logique de rente au profit des organismes de la société civile ciblés, et des demandeurs d'emploi, et de l'ampleur de leur proximité avec les tutelles des affaires publiques locales et régionales, sont également des motifs de crainte formulés par OTRAGO. Ce dernier rappelle également l'inadéquation de certains opportunités proposés dans le cadre des chantiers temporaires généraux et durables, avec les objectifs du programme, qui se manifestent principalement dans l'amélioration de l'employabilité des jeunes et leur permettre d'entrer sur le marché du travail, qui est dépourvue de toute possibilité de création d'accumulation et d'expérience chez les bénéficiaires, du fait de son caractère saisonnier (Aide aux personnes âgées, activation sportive,…) et qui n'est pas compatible avec les besoins réels du marché d'emploi. Autre écueil signalé, le manque de communication sur le programme et en particulier dans les médias publics. Aussi, les prometteurs de ce programme ne doivent pas perdre de vue la faiblesse des capacités logistiques et humaines pour accompagner la mise en œuvre du programme, notamment en ce qui concerne l'encadrement et l'accompagnement des bénéficiaires du programme des petits et grands chantiers temporaires pendant la durée des ateliers, comme indiqué dans les objectifs du programme. Quelques recommandations À travers sa lecture initiale du programme AWRACH, l'Observatoire d'Action Gouvernementale a formulé un ensemble de recommandations, afin de contribuer à enrichir le débat sur le programme et d'étendre un point de vue civil qui peut contribuer au succès du programme et de ses objectifs. Pour OTRAGO, il est essentiel de veiller à adopter des procédures de gestion plus fluides, et rechercher des possibilités de gestion éloignées de la logique administrative bureaucratique. La réussite de la mise en œuvre de ce programme passe également par la mise en place de règles transparentes et complètes, à l'égard des bénéficiaires du programme, qu'il s'agisse d'associations, de coopératives, d'entreprises. Il est également recommandé de renforcer les rôles des institutions nationales chargées de l'emploi, dans les différentes étapes du programme, et bénéficier de leur expertise et de leur expérience en matière d'encadrement, de communication et de gestion sur le terrain. Autre élément clé de nature à assurer une adhésion à ce programme est le renforcement de la communication sur le programme, de manière à permettre de comprendre et d'expliquer ses différents contenus et objectifs pour les différentes catégories de la société. Par ailleurs et afin d'éviter les doublons, il est primordial d'assurer une adéquation de certaines opportunités proposées dans le cadre du programme, avec les possibilités réelles d'accès au marché d'emploi. Il va également sans dire l'importance de renforcer les capacités de formation qualifiante pendant la période des chantiers, tout en renforçant l'accompagnement sérieux et continu des bénéficiaires. Enfin, OTRAGO recommande de travailler à remédier au déséquilibre des quotas alloués aux deux volets du programme de manière à assurer un équilibre entre eux et à accroître la cohérence et l'harmonie entre les différentes composantes du programme. Lire également : Awrach ou quand la société civile est appelée à faire de la Promotion Nationale !!