Le Conseil du Développement et de la Solidarité (CDS) a organisé, mercredi à Rabat, un séminaire sur le thème « Connectivité et développement des territoires », avec un focus sur le tourisme et l'agriculture dans la région de Draâ-Tafilalet. La question du transport a largement dominé les débats. Les organisateurs ont réussi le pari d'attirer des orateurs et des invités de choix, dont d'actuels et d'anciens hauts responsables publics, des opérateurs économiques ayant pignon sur rue, ainsi que des experts du développement durable. On peut citer le Conseiller royal André Azoulay, le PDG de la RAM, Abdekhamid Addou, le président du Directoire du Crédit Agricole du Maroc, et le secrétaire général du PPS, Nabil Benabdellah. Cette région à fort potentiel économique, en tant que grand producteur national de dattes (Errachidia) et de pommes (Midelt) mais aussi principal hub minier du pays, est confrontée particulièrement aux défis de l'enclavement, de la connectivité et du stress hydrique. Raison pour laquelle le think tank veut en faire un laboratoire de réflexion, dont les idées peuvent être dupliquées dans les régions confrontées aux mêmes difficultés. Lire aussi | Maroc. Nicolas Sarkozy invité par le Think Tank de Mohamed Benamour Les débats de grande qualité ont permis de cerner toutes ces problématiques, quand bien même la question de la connectivité a donné lieu à un débat passionnant et passionné, vue son importance pour la valorisation des richesses naturelles et des attractions touristiques rares dont regorge la région. D'après certaines estimations, une meilleure mise à profit de ces atouts ferait passer les emplois dans le tourisme de 17 000 à 60 000 en dix ans. Pour ce faire, il faudrait renforcer les routes aériennes. «Il est grand temps d'arrimer nos territoires les plus enclavés, les plus défavorisés à la locomotive du développement économique et de réduire ensuite les fractures sociales et les disparités territoriales, à travers notamment la modernisation des infrastructures et le renforcement du transport national, international et interrégional sous toutes ses formes», a souligné le président du CDS, Mohamed Benamour. Il a appelé à « rétablir une équité de desserte aérienne au profit de certaines régions enclavées à ce jour avant un grand besoin à ce jour d'une connectivité aérienne, qui doit digne de leur potentiel touristique et culturel, à l'instar des régions de Tafilalet, Essaouira ou Dakhla ». Lire aussi | CDS. Le Symposium sur «l'investissement et le rôle de l'Etat territorial» s'ouvre à Rabat [Vidéo] M. Azoulay est allé dans le même sens en pointant les carences en matière de connectivité, ce qui est un paradoxe en comparaison avec l'évolution enregistrée dans le pays. Aujourd'hui, a-t-il dit, « le Maroc joue dans la cour des grands, parfois même des très grands ; en tout cas, nous sommes dans une dynamique et une nous incarnons une réalité dans notre région dont il faut prendre la juste mesure ». Pour surmonter les problèmes de connectivité, il suggéré la mise en place d'un « Open Sky Maroc » qui permettrait l'exploitation optimale de nouvelles routes aériennes intrarégionales, particulièrement dans les régions mal desservies. Autrement dit, il lance un appel pour revoir le logiciel et traiter le problème objectivement. La dérégulation est à même d'y apporter une réponse, Lire aussi | L'Anapec, GIZ et Orange lancent les bootcamps régionaux sur les ressources hydriques En réaction à ces observations, M. Addou a rétorqué qu'il faudrait qu'on puisse, demain, connecter dans le la plus grande efficacité possible tous les citoyens marocains « sans qu'ils soient obligés de passer par Casablanca ». Les 12 régions seront reliées à travers 46 nouvelles routes avec des avions « beaucoup plus efficaces que ce que nous avons aujourd'hui ». Et de promettre : « Tout cela évolue notamment avec les le lancement des dernières routes domestiques. Nous sommes en train de revoir tout ça et nous sommes en train de discuter cela avec les régions». Il a fait remarquer que des concurrents low cost de la compagnie nationale ont multiplié les ouvertures de lignes nationales, qui « vont être accélérées un peu plus sur Oujda et un peu moins sur d'autres régions », appelant à « mettre encore plus de moyens » pour servir les territoires qui ne le sont pas encore. En juillet dernier, le Conseil du Développement et de la Solidarité a tenu un autre séminaire consacré à la région de Draâ-Tafilelt, sous le thème « Maroc des territoires : Inclusion, solidarité et équité ».