Créé il y a tout juste un an pour donner un nouvel élan économique à la Région de l'Oriental, le fonds est à l'aube de la concrétisation de ses premiers investissements. Le point avec son DG. Challenge Hebdo : cela fait donc tout juste un an que le fonds a vu le jour. Quel bilan faites-vous de cette première année d'exercice ? Abdelkrim Mehdi : je voudrais d'abord rappeler que l'idée de la création de ce fonds d'investissement s'inscrit dans le cadre de l'Initiative Royale pour le développement économique et social de cette région énoncée lors du discours de Sa Majesté le 18 mars 2003 à Oujda. Le bouclage du tour de table du fonds s'est fait fin 2005, et nous n'avons réellement démarré nos activités qu'en juin 2007. Pendant cette première année d'exercice, nous avons d'abord beaucoup travaillé notre communication institutionnelle pour faire connaître le fonds aux différentes parties prenantes (autorités, opérateurs économiques…). Ensuite, nous nous sommes attachés à prendre connaissance de manière détaillée de la région pour déterminer son positionnement national, et aussi comprendre les mécanismes d'investissement, la culture d'entreprenariat, les difficultés des promoteurs et des porteurs de projets de la région. Car le tissu économique est, ici, essentiellement composé de PME familiales, du coup, le travail de sensibilisation par rapport à notre activité n'a pas vraiment été une mince affaire… surtout pour le capital développement pour lequel les opérateurs n'expriment pas d'emblée un souhait d'ouverture du capital. Nous venons d'ailleurs de tenir notre deuxième comité d'investissement ce 2 juin, et nous sommes en négociation très avancée sur deux projets que nous espérons concrétiser pour créer le mouvement d'ici la fin du mois. C. H. : vous avez annoncé en 2007 que le fonds était doté de 300 millions de DH, alors que la dotation initiale actuellement n'est que de 150 millions de DH. Est-ce à dire que vous n'avez pas pu mobiliser l'ensemble des fonds promis? A. M. : non. L'ensemble des parties prenantes du tour de table, qui est le fruit d'un partenariat public-privé (Région de l'Oriental, Agence de l'Oriental, Fonds Hassan II, BPR Oujda, Attijariwafa bank, BMCE Bank, CDG, Crédit Agricole et Holmarcom), a, dès le départ, mis à disposition les fonds nécessaires pour le lancement. Seulement, nous avons fait un premier closing de 150 millions de DH. D'ailleurs, jusqu'à présent, nous n'avons réellement débloqué que le quart de cette somme, pour d'abord voir comment le marché réagit par rapport à cette phase de démarrage, d'une part, et pour des raisons de rentabilité du fonds d'autre part. Vous savez bien que mobiliser des fonds sans les employer n'est pas franchement rentable. C. H. : quels sont aujourd'hui les secteurs que vous ciblez? A. M. : nous ciblons tous les secteurs d'activité, mis à part la promotion immobilière et le négoce. L'objectif consiste à accompagner des projets à fort potentiel et ayant un impact socio-économique sur la région. Nous avons comme objectif de faire adhérer un grand nombre de promoteurs de la région, essentiellement des PME, puisque jusqu'à présent, la région a beaucoup souffert de fermeture; et aujourd'hui, avec son nouveau positionnement géostratégique méditerranéen, la région a beaucoup d'atouts, et la PME orientale et les porteurs de projets doivent s'ouvrir davantage pour mieux valoriser leurs entreprises à travers l'appui financier et stratégique du fonds. C. H. : et les projets d'infrastructures que vous avez évoqué lors du lancement? A. M. : il faut dire que nous sommes d'abord destinés aux PME. Notre objectif est de les accompagner, notamment dans leur mise à niveau. Mais il n'empêche que nous pouvons prendre part à des projets structurants de manière assez minoritaire. C. H. : comment fonctionnera concrètement ce fonds? A. M. : nous avons fixé les tickets d'intervention entre 1 et 30 millions de DH, avec une fourchette de participation entre 10 % et 35 %. Notre objectif est d'apporter des appuis stratégiques pour une durée de 5 ans, qui vont de l'apport d'opportunités de développement, de projets de croissance externe, jusqu'à la contribution à la mise en place de meilleurs standards de gouvernance. Mais nous apporterons également un appui organisationnel comme la contribution à la mise en place de fonctions support . La sortie du Fonds se fera à partir de la sixième année moyennant une vente au promoteur, une introduction en Bourse ou une cession majoritaire.