Les déclarations d'Ahmed Rahhou sont claires et très importantes. Le Conseil de la concurrence qu'il préside n'a pas pour tâche de fixer les prix, d'ailleurs, il est contre toute tentation de fausser le jeu du marché, en fixant les prix de manière administrative. La seule intervention dont il admet la légitimité, c'est celle concernant les opérateurs qui profiteraient de la hausse des matières premières pour augmenter les prix de manière exagérée. Ces déclarations sont importantes, parce que les institutions constitutionnelles ne doivent pas être ébranlées par la crise, au point de sortir de leur rôle. Le gouvernement lui, est dans une autre situation. Il ne peut ignorer les effets du désordre des marchés mondiaux. Sa loi de Finances est caduque. Il doit répondre aux urgences, subventionner le transport pour que les prix ne deviennent pas hors contrôle. Mais le grand problème restera le pouvoir d'achat des plus précaires. Rien ne dit que l'inflation mondiale est conjoncturelle, surtout si les taux de crédit sont relevés, ce qui alimentera le cycle inflationniste. Lire aussi | Face à la tempête : de l'agilité La guerre en Ukraine crée un désordre qui ne sera pas levé par un éventuel cessez-le-feu. Ces perspectives, il faut bien les avoir en tête et réagir en conséquence, promptement mais avec méthode. Cependant, cela constituerait une grave erreur de se limiter aux aléas de la crise, alors qu'il est probable qu'elle va se prolonger dans le temps. Les programmes structurels ne doivent pas subir de retards inconsidérés, cela serait catastrophique. La crise doit, au contraire, nous permettre d'avancer sur des chantiers tels que l'auto-suffisance alimentaire et l'indépendance énergétique en renforçant notre politique sur les énergies renouvelables, pour atteindre un mix énergétique plus sécurisé. Lire aussi | La confiance des ménages enregistre son niveau le plus bas depuis 2008 au 1er trimestre 2022 [HCP] La sortie par le haut nécessite cette double action : répondre à l'urgence en maintenant, voire en renforçant les réformes structurelles. Ce n'est pas une mince affaire. Parce que le Maroc a une économie ouverte, il est sensible aux évolutions des marchés mondiaux et là, nous sommes face à une vraie déflagration et les conflits géostratégiques ne font que l'aggraver. Mais, nous avons des moyens de résilience et nous devons renforcer celle-ci. La communication officielle ne doit pas se limiter aux actions contre les effets de la crise, qui impactent les couches les plus vulnérables, mais tracer aussi les perspectives et les réformes qui permettront d'atténuer les effets de l'interdépendance. C'est l'unique sortie par le haut possible.