Le programme gouvernemental a été violemment percuté par quatre éléments exogènes : la sécheresse, l'inflation, le coût de l'énergie et les ruptures de chaînes au niveau du marché mondial. L'exécutif n'a aucune responsabilité dans ces évènements, il en subit les conséquences. La sécheresse est un phénomène naturel, le Maroc pays semi-aride en stress hydrique permanent, a besoin d'une vraie politique de l'eau. La réaction pour aider la paysannerie dès le mois de mars est à saluer. L'inflation est un drame universel. En Espagne, elle atteint 10 %. Au Maroc, Bank Al Maghrib prévoit 4,7 %. En l'absence de toute revalorisation des salaires, c'est le pouvoir d'achat qui trinque alors qu'il est déjà faible. Heureusement que la production des fruits et légumes est suffisante. Lire aussi | La confiance des ménages enregistre son niveau le plus bas depuis 2008 au 1er trimestre 2022 [HCP] Pour les céréales, on nous dit que les stocks sont suffisants. Le tiers de la production mondiale est en Russie et en Ukraine. Les agriculteurs US ont abandonné les céréales pour le soja. Les prix internationaux flambent et certains pays du Sud du Sahara sont déjà en difficulté. Mais, l'inflation touche toutes les matières premières et de manière très forte. Le monde découvre avec effarement que son interdépendance est aussi porteuse de risques majeurs. Le coût de l'énergie est à des niveaux historiques et la guerre en Ukraine approfondit la crise. L'Arabie Saoudite et les Emirats refusent d'augmenter leur production pour des raisons politiques, Joe Biden ayant refusé de fournir des armes. Pour le gaz, l'Algérie et le Qatar ne peuvent suppléer le gaz russe. La perspective d'une accalmie est très lointaine. Dans tous ces évènements, le gouvernement n'a aucune marge de manœuvre. Il faut une dose de mauvaise foi pour affirmer le contraire. Il a manqué d'anticipation, parce que ces défis étaient prévisibles dès le mois de janvier selon des experts reconnus. Lire aussi | Akhannouch préside la troisième réunion interministérielle sur le projet de nouvelle Charte de l'Investissement Aujourd'hui, il lui faut réagir, sur les transports, c'est en cours, profiter de l'aubaine pour changer drastiquement la distribution renchérie par le nombre d'intermédiaires et envisager un coup de pouce aux salaires et une aide directe aux plus précaires. Derrière les chiffres, il y a des millions de citoyens qui souffrent. La grande faiblesse de l'exécutif, c'est la communication. Une loi de Finances rectificative lui aurait permis d'exposer tout ce qui précède et d'arrêter les Fake News des populistes à l'affût. Il lui faut surtout être beaucoup plus agile. Un autre danger nous guette, celui des taux de crédit : les banques centrales vont augmenter leur taux de base. Nous serons obligés de nous endetter à des taux plus forts, c'est une certitude, comment on s'y prépare ?