D ans quelques jours, nous devrons commémorer le dixième anniversaire du 16 mai 2003, qui avait prouvé à ceux qui en doutaient, que le Maroc est non seulement visé par le terrorisme islamiste, mais qu'il en produit. Depuis, d'autres attentats ont eu lieu et surtout des dizaines de cellules ont été démantelées. Avant les attentats et après, il y a eu tout un débat autour de la pensée takfiriste, véritable matrice du terrorisme. Des associations se sont constituées, une véritable tentative d'organiser la résistance a été amorcée. Vite enterrée par un jeu politicien, qui pour préserver le PJD, dont le journal «Attajdid» a versé plus souvent qu'à son tour dans le takfirisme, a mis au pas «les éradicateurs», au nom d'une éphémère stabilité politique. Boukhobza, député et dirigeant du PJD, a publiquement accusé M. Saïl, directeur du CCM, de sionisme et d'atteinte à l'Islam, et sa femme de «chrétienneté», ce qui signifie pour lui l'apostasie. Justement, le Conseil des Oulémas a «rappelé», sans à propos, que l'apostasie devait être punie de la peine de mort, en dehors de toute référence ni à la constitution, ni aux lois en vigueur, ce qui est une manière de dire que ces textes ne respectent pas l'Islam, et que donc le Maroc n'est pas un pays musulman. Ahmed Assid, militant Amazigh et démocrate fort respectable est aujourd'hui victime d'appels au meurtre. Son crime ? Jamais il ne s'est attaqué à la foi, ce qui serait son droit, mais aux interprétations. C'en est quand même trop pour les intégristes. Kettani, Salafiste assagi selon les aveugles officiels le déclare apostase et criminel, Nhari, l'agité du bocal d'Oujda, déjà en procès pour incitation au meurtre, appelle les Marocains à «défendre le prophète». Le Chef du gouvernement le cloue au pilori dans une réunion officielle de son parti. Si un fou quelconque s'attaque à Assid, la responsabilité pénale de cet orchestre des ténèbres, animé par la haine, renforcée par l'ignorance la plus crasse est engagée. Nous sommes dans la même configuration qu'au début des années 2000. Abou Hafs décrétait que le Parlement, la démocratie, la politique étaient «Haram», le «PJD» parlait de «gauche a-religieuse», son journal traitait le Maroc de « bordel à ciel ouvert », etc... Parce que l'on a refusé de réagir en société mature, nous avons eu, nous avons et nous aurons la menace terroriste en face. «Eradicateur » ? Oui, je le revendique. Non pas contre des personnes physiques, ni contre la religion, quelle qu'elle soit par ailleurs, mais contre une pensée intolérante. Cette pensée est la machine à fabriquer des terroristes, c'est son exclusivité la misère n'a rien à y voir, la preuve, c'est qu'il n'y a pas de terrorisme en Haïti. Cette pensée n'a pas sa place en démocratie et ses tenants sont des délinquants aux yeux de la loi. Tant qu'on n'a pas le courage de réagir, d'autres 16 mai nous pendent au nez, malgré l'efficacité des sécuritaires. n