Le reportage effectué par des journalistes américains du New York Times ne pouvait pas passer inaperçu du côté du Parti de la justice et du développement (PJD). Comme d'habitude, c'est le quotidien arabophone «Attajdid» qui s'est chargé de commenter le contenu de l'article publié par le quotidien new-yorkais. «On peut résumer les idées principales contenues dans le reportage du New York Times en un seul message : le Maroc est un pays qui trébuche sur le chemin de la réforme à cause des intégristes. Une idée qui nécessite un débat plus profond car nous sommes devant une politique de justification de la régression démocratique et de l'apostasie politique en invoquant une chimère qui a été inventée suite aux erreurs de l'après 16 mai (…)», estime le directeur de la publication islamiste dans un éditorial publié hier lundi. Cette réaction suscite deux remarques. Sur la forme, on s'interroge sur les raisons qui poussent les islamistes supposés modérés du PJD à réagir en défenseurs des islamistes radicaux ? Si le patron de l'intelligence marocaine a parlé uniquement de l'islamisme intégriste prônant le terrorisme en citant le wahhabisme et le chiisme, pourquoi les islamistes du PJD qui se disent sunnites, malékites et antiterroristes montent-ils au créneau pour clamer l'innocence de l'islamisme en général ? Sur le fond, le fait de vouloir faire croire à l'opinion publique que les actes terroristes du 16 mai n'ont pas eu d'impact sur l'élan de développement et de modernisation de la société marocaine est une attitude hypocrite et qui dénote d'une volonté de duper les Marocains en essayant de leur faire oublier, petit à petit, les actes terroristes horribles commis au nom de l'islamisme le 16 mai 2003. Or, en tant que vrais patriotes – ce qu'ils sont d'ailleurs –, les islamistes du PJD sont censés non seulement reconnaître l'ampleur du traumatisme social provoqué par ces attentats, mais se rappeler aussi que, depuis cette date tragique, plus de 68 projets terroristes ont été évités grâce aux efforts des services d'intelligence marocains toutes branches confondues. Ne pas avoir un attentat par mois, comme en Algérie, ne signifie pas que l'islamisme intégriste n'est pas présent et qu'il ne cherche pas à nuire, mais, il signifie, entre autres, que les efforts énormes déployés pour le combattre sont en train de donner leurs fruits. Mais leur coût reste énorme.