"Attajdid", le quotidien arabophone des islamistes du Mouvement unicité et réforme (MUR) continue à diffuser un message haineux contre tous ceux qui ne partagent pas les idées de ses idéologues. Il y a quelques mois, le Mouvement unicité et réforme (MUR) demandait à ses adeptes de choisir la meilleure attitude à adopter face à ce qu'il a appelé "une agression médiatique contre la Daâwa islamique". La question avait été posée sous forme d'un sondage affiché sur la page web du mouvement. Les adeptes du Mur devaient choisir entre trois options : la riposte, l'indifférence ou la dénonciation. Résultat du sondage : 61,93% en faveur de la première option, 31,82% pour l'indifférence et 6,25% ont choisi la dénonciation. La majorité était donc pour la riposte. Certes, le nombre total des personnes sondées n'a atteint que 176 durant les dix jours que le sondage avait été maintenu sur le site d'Attwhid Wal Islah – ce qui renseigne sur le nombre des MURistes qui naviguent sur le net – mais, les dirigeants du mouvement décidèrent de suivre le conseil de cette pseudo-majorité. Et c'est sur les colonnes du quotidien dirigé par le véritable patron du MUR, le fameux fqih Ahmed Raïssouni que la stratégie de la riposte est mise en exécution. Ainsi, l'on assiste, ces derniers jours, à une polémique entre nos confrères du quotidien arabophone "Al Ahdath Al Maghribia" et le journal porte-parole du MUR, "Attajdid". Au cœur du débat, la question de l'intégrisme et du modernisme au Maroc ainsi que les positions radicales des islamistes d'Attawhid et les contradictions flagrantes de leurs discours. Cette polémique dure depuis plus d'une année, mais le nouvel épisode a commencé, il y a quelques jours, avec la publication par “Al Ahdath Al Maghribia” d'un article signé par son rédacteur en chef, Abdelkrim Amrani et intitulé "A propos des bonnes mœurs à la méthode de Raïssouni". Dans cet article, l'auteur a procédé à une analyse des contradictions contenues dans le discours de l'idéologue du MUR révélant ainsi les objectifs inavoués des positions adoptées par le fqih. Toutefois, si, du côté d'“Al Ahdath Al Maghribia”, le débat est toujours animé d'une manière scientifique basée généralement sur une analyse minutieuse de l'idéologie d'Attawhid, des différentes déclarations de ses dirigeants et des interconnexions existant entre ce mouvement et les mouvances islamistes internationales, la riposte du MUR sur les colonnes d'Attajdid se base essentiellement sur l'insulte, la diffamation et va même jusqu'à la menace. Une mission dont se chargent, outre Ahmed Raïssouni, un autre idéologue du mouvement à savoir Mohamed Yatim. Parmi les répliques de Raïssouni, on citera à titre d'exemple, un passage dans l'un de ses articles où il menace de mort indirectement ceux qu'il appelle les inquisiteurs. L'article intitulé "Mensonge jusqu'à la victoire" portait un message introduit sous forme d'une note en marge du texte qui disait "espérons que le vrai principe adopté ne soit pas celui de mensonge jusqu'à la mort". Une petite phrase qui fait immédiatement penser à une menace de mort. Ce qui rappelle les messages contenus dans les déclarations et les prêches de certains idéologues de la Salafiya Jihadia dont le discours haineux a préparé le climat propice qui a conduit à la perpétration des actes terroristes du 16 mai à Casablanca ainsi qu'à l'apparition de bandes sanguinaires comme celle de Youssef Fikri qui, au nom de la Daâwa, ont assassiné des dizaines de personnes innocentes. Sans oublier la tentative d'attentat terroriste à la bombe dont le quotidien Al Ahdath Al Maghribia avait fait l'objet, il y a quelques mois et qui a failli coûter la vie à des membres de l'équipe du journal si le système de détonation du colis piégé aurait fonctionné tel que l'espéraient les fomentateurs de la haine. Et c'est dans le même cadre que l'on peut classer les articles publiés au quotidien Attajdid par Mohamed Yatim dont le discours prend une autre dimension qui dépasse celle du discours de Raïssouni puisqu'elle revêt un caractère politique vu le statut de député et de membre du secrétariat général du Parti de la Justice et du Développement (PJD). Rappelons que ce parti, considéré comme le bras politique du mouvement d'Ahmed Raïssouni, s'est chargé depuis sa création de rediffuser le message du MUR sous la couverture du programme politique. Cette formation s'est d'ailleurs distinguée par un double discours et une stratégie inédite dans le monde de la politique. Une tactique qui consiste à ce que les membres de la direction du parti tiennent des discours contradictoires et prétendre qu'il s'agit d'un avis personnel. Une stratégie que le parti applique régulièrement et dont il a fait usage suite aux déclarations de fqih Raïssouni dans le fameux entretien qu'il avait accordé à ALM dans lequel il n'avait pas hésité à contester le statut d'Amir Al Mouminine. À l'époque, le PJD avait crié haut et fort qu'il n'approuvait pas les propos de Raïssouni et considérait que ses déclarations n'engageaient que lui. Or, dans une formation politique démocratique et qui se respecte, un membre qui tient un discours qui contredit les idéaux du parti est immédiatement exclu. Ce qui n'a pas été le cas du PJD à l'égard de l'idéologue du MUR. Aujourd'hui, l'on assiste à des menaces et à des agressions violentes qui se multiplient sur les colonnes d'Attajdid sans que le PJD ne réagisse face à de tels dépassements. Ce qui signifie qu'il approuve la tenue d'un tel discours et qu'il encourage les auteurs desdits articles à aller de l'avant dans leur campagne d'incitation à la haine contre tous ceux qui ne partagent pas leurs idées.