Le PJD et le MUR sont officiellement deux entités différentes. Mais, en réalité, les deux formations sont un seul mouvement qui fonctionne d'une manière synchronisée et parfaitement mise en scène par leurs dirigeants. Ils sont deux mouvements, l'un politique et l'autre idéologique. Ils ont deux objectifs différents : le premier cherche à investir le pouvoir par la voie politique, l'autre cherche à diffuser le message de Dieu par le biais da la Daâwa islamique. Ils ont chacun un journal : le premier a un hebdomadaire qui s'appelle Al Asr et le deuxième publie un quotidien sous l'enseigne d'Attajdid. Il s'agit du Parti de la Justice et du Développement (PJD) et du Mouvement Unicité et Réforme (MUR). Toutefois, tous ces signes de séparation entre les deux ne sont que les éléments constitutifs d'une grande mascarade politique orchestrée par une seule et même équipe qui gère simultanément les deux formations. Une équipe dont on retrouve les membres dans les directions de l'un et l'autre mouvement. Une stratégie qui a été élaborée d'une manière méticuleuse entre les membres d'une même équipe où un jeu de positionnement a servi à placer tout le monde dans des postes clefs dans les deux camps. Pour ce faire, il a été créé, dans chacun des deux mouvements, deux instances dirigeantes de manière à ce que ceux qui s'affichent devant l'opinion publique en tant que principaux responsables dans l'une des formations puissent participer à la gestion de l'autre via une instance qui reste dans l'ombre. Ainsi, le PJD dispose d'un secrétariat général qui assume la direction apparente du parti, alors que le Conseil national tient discrètement les rênes. Idem pour le MUR qui dispose d'un bureau exécutif et d'un Conseil de la Choura. Cette répartition permet, par exemple, aux dirigeants du PJD de siéger dans le Conseil de la Choura du MUR et permet aussi aux membres du Bureau exécutif de ce dernier d'avoir une place garantie dans le Conseil national du PJD. Dans la presse, on retrouve la même tactique. Le PJD a un journal hebdomadaire où il maintient une position plus ou mois modérée, alors que tous ses ténors se permettent de tenir des discours radicaux dans des articles qu'ils publient au quotidien Attajdid géré par le MUR. Ainsi, le parti peut à tout moment dire qu'il n'approuve pas la position exprimée par l'un de ses membres alléguant qu'elle n'a pas été publiée par son organe de presse officiel. En somme, il s'agit d'un double discours flagrant, mais qui a permis jusqu'à maintenant aux deux mouvements de tromper l'opinion publique, en se cachant l'un derrière l'autre.