Hassan Tarik, S.G de la Chabiba de l'USFP, estime que le discours de la haine a regagné du terrain. Il accuse les "cellules dormantes" du PJD de nourrir cette tendance qui rappelle la phase qui a précédé les attentats de Casablanca. ALM : Que vous inspire ce communiqué diffusé à Tiznit quelques jours seulement avant la date anniversaire des attentats du 16 mai ? Hassan Tarik : Permettez-moi d'abord d'exprimer ma solidarité avec Hakima Chaoui qui a déjà été prise à partie par les intégristes à maintes occasions que ce soit à Témara, à Khénifra ou lors des débats sur le Plan d'intégration de la femme. Ce genre de communiqués était à la mode avant le 16 mai 2003. Après un bref armistice qu'on doit à la vigilance de l'Etat et de la société, nous voilà encore à la case départ, aux prémices de ces crimes terroristes : excommunication, courriers électroniques menaçants, prêches et, il ne faut pas l'oublier, ce qu'écrit et publie "Attajdid". Il y a une sorte d'amnésie qui s'installe et cela est extrêmement dangereux. Les takfiristes ont repris du poil de la bête. On susurre à Tiznit que le PJD n'est pas étranger à la diffusion de ce communiqué. Qu'en pensez-vous ? Sans pouvoir cerner toute l'affaire, je peux affirmer que cela ressemble beaucoup au mode d'emploi du PJD. Ce parti a une stratégie à deux étages. Un discours politicien destiné à l'Etat, rassurant et réitérant l'attachement des islamistes et leur engagement pour la démocratie. Et un autre discours totalitariste, celui de l'underground si vous voulez, basé sur l'excommunication sous des dehors de moralisme. La meilleure preuve, et non des moindres, est ce qui se passe avec le film "Marock". Sur 2M, Lahcen Daoudi a donné le feu-vert, pour sévir, aux cellules dormantes du PJD composées essentiellement du MUR (Mouvement unicité et réforme), de dizaines d'associations locales et d'écoles coraniques talibanisées. Que faut-il faire, d'après vous, face à ce discours ? D'abord, la responsabilité de l'Etat est avérée et il faut que ce dernier applique les lois qui incriminent ce genre de discours, l'apologie du terrorisme, de la haine et les appels au meurtre et aux atteintes à l'intégrité physique et aux biens des personnes. Faire face à ce discours, c'est aussi la responsabilité de la société et notamment des intellectuels, de la presse éclairée, de la société civile et des partis politiques. Ces composantes doivent se souvenir que le terrorisme, avant de se concrétiser sous forme de kamikazes, de cellules et de réseaux, est d'abord des discours et des "idées" appelant à la haine, au fascisme et à la violence. C'est aussi la responsabilité des conseils des oulémas qui ont été chargés, sur le papier, d'accompagner la refonte du champ religieux. Sauf que certains de ces conseils abritent en leur sein des personnes adeptes de l'idéologie wahhabite et qui ont les mêmes tendances takfiristes exprimées dans le communiqué diffusé à Tiznit et attribué à des jeunes et à des élèves.