La sobre et conséquente programmation 2013 du Festival des musiques sacrées du monde de Fès (7-15 juin) propose en pied de fête l'Américaine Patti Smith. Les têtes bourdonneront... sous le thème «Fès l'Andalouse». Après Joan Baez l'année dernière, Fès fait appel à une autre diva pour la 19e édition de sa nouba spirituelle. Celle qui fera partie du line-up de la «Conférence à Tanger» célébrant la Beat Generation du 4 au 7 avril dans la ville du détroit, donnera de la voix en clôture du jeune festival le plus ancien de sa génération. Patti Smith, 67 ans en décembre prochain, enchantera de sa voix venue d'un ailleurs incertain, une soirée mélancolique puisque l'ultime des Musiques sacrées 2013. La beauté de cette dame au physique troublant réside dans sa force à conter, à dire, à vociférer, à sublimer avec une justesse spirituelle alliant tristesse et espoir. Musicienne délicate, violemment chanteuse, poète à la rime étrange, peintre warholienne non avouée et photographe underground de l'instant, elle mène une vie de papette aimant la vie et ses contradictions, l'Homme pour ses non-dits. Utopique inconsolable, Patti Smith ne court derrière rien, marche devant tout. Sa philosophie traîne ce même terme dans une boue salvatrice, celle qui rappelle à l'ordre en donnant une chance perpétuelle au désordre fondateur de la parole fédératrice, souvent porteuse de débats constructifs. L'océan créatif dans lequel elle nage généralement à contre-courant n'est houleux que pour des aveuglés consentants. Patti -notre façon de la tutoyer- est une américaine universelle «née» à New York. Sa mise au monde à Chicago par un père danseur de claquettes et une mère chanteuse de jazz n'est que vaguement présente dans la vie d'une douce révoltée.