Dès sa nomination au ministère de la Santé, le professeur El Ouardi est entré en guerre avec l'équipe de Yasmina Baddou. Il les a ouvertement et publiquement, accusés de gestion frauduleuse. Il a suspendu, puis viré Rahhal Mekkaoui, le secrétaire général. Celui-ci, ancien de l'ONEP, a entamé sa carrière administrative dans le sillage de Madame Baddou. Il se trouve qu'il est Istiqlalien. Selon nos confrères, il devrait atterrir au ministère de l'Energie, auprès d'un ministre istiqlalien. Si mes informations sont exactes, nous avons un seul et unique gouvernement, dont le chef est Abdelilah Benkirane. La constitution n'assimile pas la majorité gouvernementale à l'assemblage de cartons partisans. Si c'est bien la réalité, alors nous sommes dans le ridicule le plus absolu. Suspecté de mauvaise gestion à la santé, par un PPS, Mekkaoui reprend du service chez un ministre istiqlalien à l'Energie. Il faut d'abord préciser une chose : les fuites dans la presse ne constituent pas une condamnation. Le professeur El Ouardi n'a jamais porté l'affaire des vaccins devant les tribunaux. D'ailleurs, plusieurs ministres ont porté des accusations graves contre les gestions précédentes, sans s'en remettre à la justice. C'est une erreur politique, encore plus grave pour un gouvernement qui fait de la lutte contre la prévarication son leitmotiv. Rahhal Mekkaoui bénéficie donc de la présomption d'innocence comme tout citoyen dans son cas. Mais, parce qu'il y a un mais, sa nomination serait une catastrophe politique. L'opinion publique, malheureusement, se soucie peu des arguties juridiques. Les fuites organisées l'ont condamné à ses yeux. Depuis le congrès du parti, l'Istiqlal fait de ce cas personnel un casus belli avec ses partenaires de la majorité. C'est une attitude qui fait énormément de tort à l'ensemble de la classe politique, assimilée à des écuries d'ambitieux qui se disputent les strapontins. La nomination de Mekkaoui constituerait une incohérence majeure. S'il s'était séparé du professeur El Ouardi pour une incompatibilité d'humeur, la question se poserait autrement. Les accusations portées contre lui, publiquement, ont déplacé le curseur, même si elles n'ont été validées ni par un tribunal, ni par la Cour des comptes. Par ailleurs, la fonction de Secrétaire général du ministère a été pendant longtemps protégée du jeu partisan, au profit de la technostructure administrative. Ceci assurait la continuité et ne bloquait pas l'administration en attendant que le nouveau ministre approfondisse sa connaissance du dossier. Jusqu'ici, c'est le cabinet qui était politique. Les partis ont préféré ajouter ce poste dans l'escarcelle pour améliorer leur offre dans le cadre de la gestion des appétits de leurs cadres. Cela manque de sérieux. Les citoyens ont fondé beaucoup d'espoirs sur l'expérience en cours, issue d'un contexte politique particulier, marqué par l'adoption d'une nouvelle Constitution. La conjoncture budgétaire ne laisse pas de marge pour satisfaire les revendications matérielles. Alimenter la déception par des comportements inéthiques est suicidaire .