Le chef du gouvernement a annoncé, jeudi dernier, que « seuls 50 malades étaient en réanimation et que 20 d'entre eux étaient sous respiration artificielle ». Il faut rappeler que nous avons fait un effort surhumain pour passer de 500 lits de réanimation à 3.000 en fonction du cataclysme que l'on nous annonçait. L'auteur de ces lignes réclame, à la radio, que ces chiffres fassent partie du conte rendu quotidien, parce qu'ils sont le critère le plus important de l'extension du déconfinement. L'objet unique du confinement était d'éviter la submersion des infrastructures sanitaires. Nous y sommes arrivés au-delà de nos espérances, non seulement nous n'en profitons pas, mais nous les ignorons avec superbe. C'est une absurdité absolue. Lire aussi : Coronavirus : voici le plan de déconfinement préconisé par Mohamed El Youbi On saoule les Marocains de deux chiffres : celui des cas avérés, largement dépendant des tests effectués et de leur multiplication et du nombre de morts. Ces deux chiffres sont ridiculement bas et sont multipliés chaque année par cinq du fait de la simple grippe saisonnière. Pis, on fait peur aux gens parce que le nombre des cas a augmenté, alors que c'est le propre même de la courbe, que nous avons atteint le pic, que nous rentrons dans le plateau et que ces chiffres vont commencer à sérieusement baisser dans dix jours maximum. C'est de la science pas de la voyance. Il est absurde de continuer à sériner le discours des marchands de la peur, aux certitudes très changeantes. Le seul moyen utile, efficace, sans être ruineux pour l'économie, le moral des gens, les libertés individuelles, ce sont les mesures préventives en plus des masques, pas le confinement. La baie d'Agadir, ce sont des kilomètres de plage, à marée basse, cela fait des millions de mètres carrés de sable. Il y a zéro cas en Agadir. Quel danger pour la santé publique y aurait-il à autoriser des gens à profiter de la plage ? L'absurde c'est que les Gadiris sont appelés à reprendre le travail, donc à s'entasser dans des usines confinées où le respect de la distanciation est impossible. Plus absurde tu meurs ! Absurdistan touche aussi l'économie. Il n'y a pas le début d'une bribe d'information sur le premier juillet. Et pourtant le discours se veut rassurant. « Nous ferons tout ce qu'il faut pour que l'économie retrouve sa santé dans les plus brefs délais ». Du pipeau, je vous dis. Les plus brefs délais, c'est au moins 3 ans pour retrouver le niveau de 2019, encore faut-il une analyse systémique qui aboutit à des dizaines de milliers de mesures concernant des microsystèmes. Absurdistan, c'est de nier que la crise sanitaire couve une crise économique, sociale et sociétale d'une ampleur sans précédent dans l'histoire. Si cela persiste c'est une crise politique qui se profile. L'humour de l'absurde ne fait rire personne quand il guide les politiques publiques. Lisez gratuitement Challenge en version PDF en cliquant sur le lien suivant : https://emag.challenge.ma/742/mobile/index.html