Le Conseil national de la presse (CNP), qui vient de fêter son premier anniversaire, a organisé à Tanger un colloque international autour du thème « La restructuration de la presse: comment harmoniser les systèmes éthiques et la responsabilité des médias? ». L'événement, le premier du genre au Maroc, a réuni, entre autres, des représentants et responsables de conseils de presse étrangers de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Canada, de Belgique, du Bénin. Comme d'autres professions, celle du journalisme est en pleine mutation. L'évolution technologique touche aussi au cœur même du métier, pris aujourd'hui en étau entre la digitalisation galopante et les « Fake News» dopées par les réseaux sociaux. Les nouveaux supports électroniques transforment radicalement aussi bien les rapports des journalistes à leurs sources que leurs relations avec leurs lecteurs. Résultat des courses : les instances de régulation sont plus que jamais appelées à serrer la vis au niveau du contrôle de la déontologie et du respect de l'éthique professionnelle. Autant de défis auxquels le Conseil national de la presse (CNP) a tenté d'apporter des réponses lors d'un colloque international qu'il a organisé les 29 et 30 novembre 2019 à Tanger autour du thème « La restructuration de la presse: comment harmoniser les systèmes éthiques et la responsabilité des médias? ». «Le rôle du CNP, organe d'autorégulation du secteur, dépasse celui de la déontologie pour inclure aussi celui de la réglementation de l'accès à la profession ainsi que son développement», explique Younes Moujahid, président du CNP qui vient de fêter son premier anniversaire. Animé par Fatima Zahra Ouariaghli, vice-présidente du CNP, le colloque, premier rendez-vous du genre au Maroc, a enregistré la participation d'éditeurs, de journalistes et de représentants et de responsables de conseils de presse étrangers de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Canada, de Belgique, du Bénin, dont Anthony Bellanger, secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), et Golda El Khory, directrice de l'Unesco. « Notre mandat à l'Unesco est la protection du journaliste, garantir sa liberté d'expression, et la refonte du journalisme sur une base éthique qui va nous permettre de nous assurer que la circulation des informations est responsable, car la qualité de l'information peut parfois déstabiliser des sociétés. Et ce, en tenant compte du fait qu'aujourd'hui, les réseaux sociaux sont devenus une plateforme où toute personne peut devenir non pas journaliste, mais émettrice d'information», a souligné El Khory qui intervenait lors de la séance inaugurale. Pour Younès Moujahid, la profession dépend de cet équilibre nécessaire entre la responsabilité des médias et les droits et protections dont ils bénéficient pour préserver la démocratie. Lors de son intervention, le président du CNP a également mis l'accent sur la situation économique des entreprises de presse, confrontées à un dysfonctionnement de l'ancien modèle et l'absence d'une alternative. Une situation, a-t-il précisé, qui impacte sérieusement le statut et la situation des journalistes et de tous les employés dans le secteur. La cérémonie d'ouverture a été marquée aussi par l'intervention d'Anthony Bellanger, qui a indiqué que la FIJ a élaboré cette année, un code de déontologie international pour les journalistes. «Le journalisme est une profession qui nécessite du temps, des moyens et la sécurité morale et matérielle nécessaires à son indépendance. Les internautes actifs sur les médias sociaux ne sont pas nécessairement des journalistes. J'ai un piano dans mon salon, mais cela ne veut pas dire que je suis un pianiste. Un journaliste est une personne formée et payée et possédant une carte professionnelle», a-t-il précisé. Il faut dire que les intervenants sont unanimes pour faire part de la nécessité de revenir aux fondamentaux du métier avec une charte de déontologie. Pour rappel, la Charte de déontologie élaborée par le CNP a été publiée au Bulletin officiel du 29 juillet 2019.