La situation des droits de l'Homme en Algérie est toujours «inquiétante», révèle un rapport présenté par la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l'Homme (LADDH), à l'occasion de la célébration, ce dimanche, du 69e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. « Le système algérien a voulu entretenir l'illusion d'un changement là où la réalité est marquée par la continuité dans la répression, les violations des libertés publiques et des droits de l'Homme», souligne le rapport, arguant que «les Algériennes et Algériens qui revendiquent le respect de leurs droits aussi bien civils et politiques, qu'économiques, sociaux et culturels font l'objet de discriminations et d'arrestations». Faisant le constat des violations et des dépassements des droits de l'homme survenus durant l'année 2017, la Ligue regrette qu'aujourd'hui on n'assiste pas uniquement à une atteinte aux libertés d'expression à travers l'acharnement judiciaire contre les journalistes, mais ce sont les libertés publiques que l'on tente de bâillonner et les droits fondamentaux que l'on veut bafouer. «De sérieuses inquiétudes existent quant aux intentions du pouvoir contre les militants des droits humains et contre la démocratie naissante», déplore-t-elle, notant qu'une action de contestation se paie trop souvent au prix de sa liberté et que les procès qui se sont ouverts devant les juridictions sont particulièrement représentatifs de l'instrumentalisation de la justice par les autorités algériennes. Pour rappel, dans le classement de la liberté de la presse 2017 réalisé par RSF, l'Algérie arrive dans la 134e place sur une liste de 180 pays en 2017. Pour ce qui concerne le droit à la réunion et à la manifestation, le rapport observe que durant cette année diverses manifestations ont été interdites et plusieurs autres réprimées avec recours à l'emprisonnement parfois de manifestants. La Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme constate à l'évidence que la diffusion de la culture des Droits de l'Homme auprès des citoyens algériens nécessite davantage de prise de conscience de la société et son éveil à la question vitale des droits et libertés que la Constitution et les conventions internationales ont consacrés. Le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi, avait auparavant indiqué que le pouvoir algérien veut museler toute les voix discordantes et tous les témoins gênants, à savoir la société civile et les médias autonomes, en contradiction flagrante de ses engagements internationaux à respecter les droits de l'Homme. Salhi, également membre de la Coordination maghrébine des organisations des Droits humains (CMODH-Maghreb), a de même dénoncé l'interdiction de célébrer la journée mondiale des droits de l'Homme, ainsi que le recul des libertés et les attaques presque systématiques contre tout ce qui touche aux droits humains et aux personnes qui les défendent en Algérie. «Interdire à une organisation des droits humains de célébrer la déclaration universelle ses droits de l'Homme est absurde», déplore-t-il.