La ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), organisation indépendante, a estimé lundi que "la situation des droits de l'Homme restait alarmante, en particulier par les violations massives, flagrantes, systématiques de la liberté d'expression et de la liberté syndicale". Dans une déclaration rendue publique à l'occasion de la fête du travail et de la journée internationale de la presse, reprise par plusieurs journaux algériens, la LADDH, présidée par Me Ali Yahia Abdennour, exprime sa solidarité avec les journalistes emprisonnés dont Mohamed Benchicou, ancien directeur du quotidien Le Matin, qui purge une peine de plus de deux ans. Le journal Le Matin a disparu de la scène et l'immeuble abritant son siège a été vendu aux enchères, "L'Algérie n'a pas vocation à être celle de la pensée unique. La presse n'est plus en liberté surveillée, mais en prison", indique la LADDH, qui réclame la libération de Mohamed Benchicou, jugé et condamné pour "violation de la réglementation de change", les services de sécurité ayant découvert dans ses affaires, alors qu'il rentrait d'un voyage à l'étranger, des bons de caisse. Or, Benchicou considère qu'il a été arrêté, jugé et condamné parce son journal menait à l'époque une campagne contre la réélection du président Bouteflika, qui briguait un deuxième mandat à la magistrature suprême. La LADDH appelle les autorités algériennes à mettre un terme aux procès en cascade contre les journalistes, dans l'objectif de "réduire au silence les journalistes", plaidant par ailleurs pour un pluralisme syndical, après le refus d'agrément opposé à 53 syndicats autonomes, qui disputent la représentation syndicale à l'Union générale des travailleurs algériens (ugta), "une courroie de transmission du pouvoir, son organisation de masse dont la principale mission est de désamorcer la crise sociale". Pour sa part, la Ligue algérienne des droits de l'homme (ladh) a exigé la libération de Mohamed Benchicou et réclamé la dépénalisation "des délits de presse" et l'annulation de toutes les lois liberticides et des poursuites judiciaires. Le président Bouteflika a estimé, pour sa part, à l'occasion de la journée de la presse, que "la liberté de la presse ne peut être conçue en dehors du sens de responsabilité". "Il n'y a point d'honneur à une liberté d'expression dénuée de responsabilité basée sur le travail au service de la société et des individus, ni de considération à une profession qui s'éloignerait dans son exercice, de l'esprit de sagesse, de pondération et d'objectivité", avait-il souligné. Il a appelé les journalistes "à se conformer à la déontologie et à l'éthique de leur profession et à refuser que leur talent soit instrumentalisé à des fins visant à porter préjudice à l'Algérie et à ses intérêts suprêmes et à nuire à la réputation des ses valeureux serviteurs". Il a également estimé que "les problèmes de presse proviennent des groupes d'intérêts politiques, économiques, financiers et criminels qui poussent les journalistes à contrevenir à la loi et à s'attaquer aux gens".