Un véritable combat pour la levée de l'état d'urgence en Algérie vient d'être lancé. La Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme est à la pointe de ce combat. L'état d'urgence en Algérie n'a plus de raison d'être. Les acteurs associatifs en Algérie, épaulés par des organisations internationales de défense des droits de l'Homme, sont nombreux aujourd'hui à revendiquer sa levée. Une pétition, qui porte la signature de pas moins de 40 associations, avait déjà été remise à la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH). Un véritable front s'ouvre contre une mesure qui ne sert plus aujourd'hui en Algérie qu'à «maîtriser les partis politiques» et à domestiquer «la société civile», s'indigne Me Ali Yahia Abdennour, président de la LADDH, en pointe dans le combat contre la poursuite de l'état d'urgence instauré depuis le 9 février 1992. Dans un entretien publié, lundi dernier, par le journal «Le Jeune Indépendant», le responsable de la LADDH a expliqué que cette mesure «n'est plus à propos, puisqu'on nous dit que la situation s'est améliorée et qu'il ne subsiste que de simples poches de terrorisme». Rappelant que l'état d'urgence avait été décrété, au départ, pour permettre à l'armée de remettre de l'ordre en Algérie, après le déclenchement des événements sanglants suscités par l'annulation des résultats des élections qui ont donné les islamistes vainqueurs, le président fondateur de la LADDH a affirmé que le maintien de cette mesure n'était qu'un «alibi» pour justifier les graves violations des droits de l'Homme perpétrées par les autorités. Un son de cloche largement partagé par les signataires de la pétition. «En plus de son caractère anticonstitutionnel, cet état d'urgence sert d'alibi juridique pour la couverture des commanditaires des disparitions forcées et pour la confiscation de toutes les libertés», dénoncent les pétitionnaires, constitués d'associations chargées de la défense des droits de l'Homme, dont AI (Amnesty International, basée à Londres). Relevant le caractère prioritaire de la levée de cette mesure, le président de la LADDH a affirmé que l'état d'urgence «n'obéit ni à la loi interne, ni aux pactes et conventions ratifiés par l'Algérie». Yahia Abdennour n'a fait que prendre au mot les autorités de son pays, notamment les déclarations en rose qu'ils distribuent gracieusement ces derniers jours comme quoi le terrorisme n'est plus qu'un phénomène «résiduel réduit à quelques poches». Une flagrante contradiction est relevée entre ces déclarations «fleuries» et le maintien de l'état d'urgence, dont la seule et unique victime n'est que le peuple algérien qui peine, encore et toujours, à reconquérir l'espace public, et plus encore, sa liberté confisquée au nom de «la lutte contre le terrorisme». Comme si l'Algérie était le seul pays au monde à faire face au danger terroriste ( !). Mais voilà, après 15 ans d'état d'urgence, cet alibi ne tient plus la route. C'est, du moins, ce qui ressort de la levée de boucliers chez les acteurs associatifs. Pour les partis, ou ce qui en reste, le pouvoir algérien a réussi à museler une bonne partie d'entre eux. A la (dé) faveur d'un régime incapable de se remettre en question. En cause.