Le pouvoir algérien a exclu la levée de l'état de siège à quelques semaines de la tenue des prochaines élections. Le ministre algérien chargé des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia, a exclu jeudi la levée de l'état d'urgence en Algérie en vigueur depuis février 1992. «Certains demandent la levée de l'état d'urgence, mais la situation sécuritaire étant ce qu'elle est, nous ne pouvons pas changer quoi que ce soit», a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien "Liberté". Du fait de l'état de siège, les manifestations publiques sont interdites par les autorités qui redoutent des attentats terroristes car, a expliqué Dahou Ould Kablia : «il y a une relation étroite entre manifestations publiques et sécurité». En Algérie, on connaît la chanson ! Depuis les événements ayant suivi les élections de 1991, les autorités du pays n'ont cessé d'utiliser le manque de sécurité comme prétexte pour réprimer les opposants et les militants de droits de l'Homme. D'ailleurs, les partis d'opposition et les organisations non gouvernementales sont convaincus d'une chose: le pouvoir abuse de l'alibi sécuritaire pour étouffer l'activité politique partisane. Les prochaines élections, prévues le 17 mai prochain, ressembleront donc aux précédentes échéances. Les récents et multiples appels pour la levée de l'état de siège ont été voués à l'échec. Le Front des Forces Socialistes (FFS), le plus vieux parti d'opposition en Algérie, l'avait prédit. Le parti de Hocine Aït Ahmed avait estimé que les conditions nécessaires pour la tenue d'un scrutin libre et transparent ne sont pas réunies. Et comme en 2002, le FFS a décidé une fois encore de faire l'impasse sur les élections législatives «pour ne pas cautionner le régime en place». D'après Ali Laskri, premier secrétaire du parti, «la situation politique du pays, marquée par le maintien de l'état d'urgence, ne permet pas un déroulement régulier et transparent des élections législatives». En Algérie, la répression, parfois très musclée, reste monnaie courante. Le pouvoir se sert d'une panoplie de lois pour justifier ces actes, comme c'est le cas de la loi sur la charte pour la paix et la réconciliation. Ce texte interdit aux Algériens d'évoquer la «décennie noire». Plus encore, les familles des disparus n'ont pas le droit de connaître le sort de leurs proches. Pour faire passer cette loi, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a dû organiser par un référendum. Et pour qu'elle soit appliquée, le chef d'Etat a émis des ordonnances. Lorsque le président Bouteflika faisait campagne en faveur de cette fameuse charte, l'opposition, elle, n'avait pas accès aux médias de masse, comme la radio ou la télévision publique. Certains militants de l'opposition ont même été arrêtés par la police. Motif : appeler au rejet de la charte. La démocratie à l'algérienne quoi ! Terrorisme : Dahou Ould Kablia rassure Dans son entretien avec le quotidien "Liberté", Dahou Ould Kablia, a affirmé que «la plus grande partie du pays est sécurisée . Il a reconnu néanmoins que «certaines régions posent problème, comme la Kabylie, Khenchla, Médéa». Ces trois régions, en particulier la Kabylie (100km à l'est d'Alger), continuent d'être le théâtre d'actions terroristes régulières qui sont le fait d'Al-Qaïda Maghreb islamique, nouvelle appellation du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Le 13 février, sept attaques simultanées à la bombe et à la voiture piégée avaient visé les forces de sécurité en Kabylie, faisant six morts et 13 blessés, selon un bilan officiel. Pour la seule première moitié du mois de mars, pas moins de 20 personnes ont été tuées dans des violences, selon un décompte fait sur la base d'informations rapportées dans la presse.