Les autorités algériennes pratiquent une répression permanente des défenseurs des droits de l'homme, que ce soit collectivement (associations, partis politiques) ou à titre individuel (avocats, journalistes), relèvent plusieurs ONG internationales dont la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH). Dans un document publié à Genève, en marge de la présentation lundi, du rapport de l'Algérie à l'Examen Périodique Universel (EPU) du Conseil des droits de l'Homme (CDH), la FIDH souligne que le dispositif mis en place dans le cadre de l'état d'urgence en Algérie confère aux autorités militaires des pouvoirs exorbitants et constitue un glissement vers un véritable état de siège. L'ONG relève que c'est un juriste de renom en Algérie, mandaté par le Président algérien pour diriger une enquête sur les événements en Kabylie en 2001, qui avait lui-même abouti à ce constat. La FIDH constate aussi que, depuis l'instauration de l'état d'urgence, de nombreuses associations et syndicats rencontrent d'importantes difficultés tant pour être reconnus au niveau local, régional et national que pour mener leurs activités. Les manifestations et réunions pacifiques ont toujours été contrôlées par les autorités et sévèrement réprimées. En 2001, le paroxysme de la répression à l'encontre des manifestants a été atteint à la suite des événements qui ont ont été organisés en soutien à la Kabylie cette même année. Depuis lors, selon la FIDH, il règne une loi tacite selon laquelle il est interdit de manifester. Le paysage médiatique a été confisqué par le pouvoir tout comme la rue et les salles de réunion, précise le rapport. La FIDH rappelle que lors de son élection au nouveau Conseil des droits de l'homme, en mai 2006, l'Algérie a pourtant déclaré qu'elle prendrait plusieurs engagements "en faveur de la protection et de la promotion des droits de l'homme, notamment". A cet égard, l'ONG s'étonne que la seule instance nationale chargée de la promotion et de la protection des droits de l'homme, la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH), n'ait jamais publié de rapport annuel d'activité, prévu pourtant dans le décret de sa création. Elle a souligné également que le comité ad hoc au sein de la CNCPPDH pour "prendre en charge les requêtes tendant à la recherche de toute personne déclarée disparue par un membre de sa famille", a bien remis au chef de l'Etat algérien un rapport général sur cette question, mais le document n'a jamais été rendu public. Au regard de la situation des droits de l'homme en Algérie, la FIDH soulève en outre la question du nombre très limité de communications devant le Comité des droits de l'homme de l'ONU. Cette situation, selon l'ONG, témoigne de la très faible diffusion d'informations relatives au droit international des droits de l'homme en Algérie, contrairement à ce que semblent affirmer les autorités. Il est révélateur à cet égard, souligne la FIDH, que la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme, créée en 2001, ne dispose pas à ce jour d'un site Internet ni d'aucune publication régulière de large diffusion.