Tous les partis d'opposition, de toutes les couleurs, qui ont pris la décision kamikaze de participer aux législatives du 4 mai ont essuyé un revers cinglant. Engagés dans une course dont l'issue était connue de tous, ces partis politiques semblent avoir tout perdu : les faveurs du pouvoir et celles de leurs militants. Le clan gouvernant paraît avoir asséné le coup de grâce, à des partis déjà très mal en point. Le divorce est plus que jamais consommé entre eux et leurs bases militantes. Le choix de participer aux législatives, en dépit du refus populaire, exprimé entre autres sur les réseaux sociaux pourrait leur être fatal. L'assemblée populaire a été sans surprise, récupérée par l'ogre bicéphale (RND-FLN) et ses nombreuses verrues et tumeurs, telles que TEJ de l'islamiste Ammar Ghoul, ou le MPA de l'hérétique Amara Benyounes. Le jeu valait-il la chandelle ? Pas sûr. Le RCD et le FFS désavoués en Kabylie Les partis du RCD et du FFS, ont essuyé une double gifle dans leur propre fief kabyle. À Tizi-Ouzou et à Bejaia, ils n'ont pu mobiliser la population puisque l'abstention dépassait, selon les chiffres officiels plus de 80%. Et avec cela, le pouvoir, ne les a « gratifiés » que d'un petit 14 (FFS) et 9 sièges (RCD) dans la prochaine assemblée populaire. Il s'agit du plus mauvais score, jamais enregistré par ces deux partis politiques. Le président du RCD, Mohcine Belabbes, semblait toutefois satisfait du résultat, puisqu'il considérait que « malgré la fraude électorale, malgré le vote massif des militaires, malgré l'abstention importante, malgré le boycott des médias publics et parapublic, malgré notre boycott des élections en 2012, le RCD a obtenu neuf sièges pour les neuf listes déposées à travers le pays". Pour le FFS, qui avait obtenu 21 sièges en 2012, le seul vainqueur de ces élections est « l'abstention sous toutes ses formes, suivie par le « parti » des bulletins nuls », avait-il exprimé dans un communiqué qui a suivi l'annonce des résultats par le ministre de l'Intérieur Noureddine Bedoui. Le FFS a par ailleurs exprimé « sa vive préoccupation à l'égard de la désaffection du peuple algérien dans l'exercice de ses droits politiques », avant de rejeter la faute sur le pouvoir qui a œuvré, selon lui, « systématiquement à annihiler toutes les formes de l'expression politique et à en dévoyer les différentes manifestations », indiquait le communiqué du parti cher a feu Ait Ahmed. Le PT de Louiza Hanoune a fait « pchit »! S'il y avait une qui était en rogne après l'annonce des résultats des législatives, c'est bien Louiza Hanoune. Elle a multiplié les déclarations incendiaires à l'égard du pouvoir en place, l'accusant d'avoir « volé ses sièges en faveur du FLN ». Il y a de quoi, puisque le PT qui a obtenu 11 sièges, est moins nantis que des partis encore en tétine et couche culotte, comme le MPA (13 sièges), le Front Moustakbal (?) (14 sièges) ou le TAJ (19 sièges). Les islamistes ne rient plus dans leur barbe La supernova des partis islamistes qui comptait l'Union Adala-Ennahda-Bina et l'Alliance MSP, est partie en poussière. Eux qui tablaient sur une place de challenger avec pas moins de 140 sièges, se retrouvent dans les bas-fonds du classement avec 47 sièges (33 pour l'Alliance MSP et 14 pour les autres). Autant dire des miettes. Les garanties qu'ils ont eues du pouvoir algérien se seraient avérées fausses selon les dissidents de ces mouvances islamistes, ratachées aux frères musulmans. Abderrezak Makri, chef de file de l'Alliance MSP, s'est dit « floué » par le régime algérien, qui n'aurait pas tenu ses promesses quant au respect de ses engagements. Il l'accuse avec virulence de fraudes et conteste les résultats obtenus. « On a vu de nos propres yeux comment les urnes ont été bourrées en votre nom », écrivait-il sur sa page facebook. Makri a cependant blâmé les abstentionnistes, les accusant d'avoir prolongé la vie du système. » Pour vous, nous avons prolongé la vie du système avec notre participation. Et nous aussi, nous pensons que vous avez prolongé sa vie à travers votre boycott », concluait-il dans son message. Quoi qu'il en soit, sincère ou pas, les partis d'opposition semblent plus que jamais fragilisés. En participant, ils ont perdu sur toute la ligne ; les sièges parlementaires promis et leur base militante.