Faute de choix, la majorité des Algériens a préféré s'abstenir de voter lors des élections législatives de jeudi dernier. Seulement un électeur sur trois a choisi de se rendre aux urnes. Les Algériens n'ont plus confiance en leurs politiciens. Ni les «islamistes modérés» du Mouvement de la société de la paix (MSP), ni le courant «nationaliste» représenté par le Front de libération nationale (FLN), ni l'opposition dite «radicale» incarnée par le Parti des Travailleurs n'ont pu convaincre les électeurs de se rendre aux urnes. La plupart des Algériens ont boudé les bureaux de vote, «préférant sans doute vaquer à leurs préoccupations quotidiennes», commente le quotidien "Liberté". Ce scrutin a donc été marqué par un «taux d'abstention» record, deux inscrits sur trois ne se sont pas rendus aux urnes. La presse algérienne s'attendait à ce que le taux de participation soit faible, mais pas à ce point. «Le fort taux d'abstention jamais égalé dans le pays équivaut à un désaveu du régime», écrit "El Watan. Pour le quotidien arabophone "El Khabar", «la classe politique doit comprendre que l'abstentionnisme qui a marqué ce scrutin signifie que l'électorat est blasé par le discours politique ambiant et par les pratiques qui ont vidé la démocratie de sa substance, à travers un Parlement à la dévotion du pouvoir exécutif». Tout en relativisant l'abstention, Yazid Zerhouni, le ministre algérien de l'Intérieur, a estimé que, par cette faible participation, «le citoyen algérien devient plus exigeant et demande aux partis politiques de réajuster leur approche en fonction de e ses besoins et de ses attentes». Pour ce qui est des résultats, il n'y a pas eu de surprises. Selon les chiffres officiels annoncés par M.Zerhouni, l'ancien parti unique, le FLN est arrivé en tête avec 136 sièges en perd 38 par rapport aux législatives de 2002, au profit notamment de ses deux alliés de l'Alliance, le Rassemblement national démocratique (RND) et le MSP. Chacun de ces partis gagnent 14 sièges, envoyant respectivement 61 et 52 députés à la nouvelle Assemblée, la troisième pluraliste depuis 1997. Révélation des législatives, le Parti des travailleurs de Louiza Hanoune obtient 26 sièges devenant la première force politique représentée à l'Assemblée après les partis de l'Alliance présidentielle. Populaire parmi les travailleurs, proche des syndicats, Mme Hanoune, 52 ans, partisane d'un renforcement du secteur public, a fustigé durant sa campagne le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l'OMC. Le reclassement politique au sein de l'Alliance présidentielle devrait être suivi par une redistribution des portefeuilles au détriment du FLN dans le prochain gouvernement dont l'actuel chef Abdelaziz Belkhadem (FLN) doit donner sa démission dans les prochains jours pour permettre au chef de l'Etat de former la nouvelle équipe gouvernementale.