Le dirigeant omniprésent, également président de la Ligue nationale de football professionnel (LNFP), est accusé de plusieurs manquements dans ses missions plurifonctionnelles. L'Instance nationale de protection des biens publics au Maroc (INPBPM). a saisi, lundi 16 février, le ministre de l'intérieur, le wali de la région Casablanca-Settat, le gouverneur de la province de Sidi Bennour ainsi que le pacha de Zemamra, par le biais d'une plainte détaillée détaillant de graves irrégularités imputées à M. Abdeslam Belkchour, président du conseil communal de Zemamra. L'INPBPM l'accuse, notamment, d'actes de gestion contraires à la législation en vigueur, de conflits d'intérêts avérés et d'une opacité préjudiciable à la gouvernance locale. Au cœur de cette dénonciation figure une convention de partenariat conclue entre la commune de Zemamra et le club Nahdat Atlétic Zemamra, aux termes de laquelle une subvention publique de 60 millions de dirhams – soit l'équivalent de 600 millions de centimes – a été allouée à cette formation sportive jusqu'en 2026. Or, selon les termes de la plainte, dont Barlamane.com a obtenu copie, M. Belkchour est à la fois signataire de l'accord en sa qualité de président de la commune et gestionnaire effectif du club bénéficiaire, dont il détient en outre des parts à travers la société sportive Nahdat Atlétic Zemamra. Cette subvention, la plus importante jamais accordée par une collectivité territoriale à un club au Maroc, a été octroyée alors même que la commune souffre de ressources limitées et d'un déficit criant en infrastructures essentielles. Gestion très douteuse Outre cette manne financière jugée abusive, la plainte met en exergue plusieurs opérations de cession de biens communaux, effectuées dans des conditions suspectes et en violation des procédures légales. La cession du siège de la bibliothèque municipale, identifié sous la référence 4106/Z, d'une superficie de 1 157 m2, ainsi que celle du bâtiment abritant l'ancienne école maternelle Raoud Al-Hanane, tous deux transférés au profit du même club sportif, aurait eu lieu sans débat préalable au sein du conseil communal ni adoption formelle d'une décision en séance plénière. De surcroît, l'INPBPM dénonce l'attribution irrégulière de parcelles communales situées dans la zone industrielle à une association, en violation de la loi 57.19 sur le patrimoine communal, dont l'article 32 impose la tenue d'une adjudication publique préalable à toute cession ou mise à disposition de biens publics. L'Instance pointe également la gestion chaotique des projets d'infrastructure, dont plusieurs sont soit inachevés, soit entachés de graves malfaçons, en dépit des budgets conséquents qui leur ont été alloués. La gare routière, longtemps laissée à l'abandon, a vu son toit partiellement s'effondrer, tandis que les travaux de réhabilitation de l'avenue Hassan II, financés à hauteur de 700 millions de dirhams, ont abouti à une voirie marquée par des déformations, des pentes irrégulières et des affaissements préoccupants. Par ailleurs, le projet d'installation de feux de signalisation demeure en suspens, malgré les crédits qui lui ont été alloués. Un conseil communal paralysé Au-delà des aspects budgétaires et patrimoniaux, la plainte évoque un verrouillage systématique du fonctionnement du conseil communal. Depuis 2022, les séances du conseil se tiennent systématiquement à huis clos, en l'absence de toute justification légale. De plus, les procès-verbaux des délibérations ne sont pas transmis aux élus de l'opposition en dépit des demandes formelles déposées à cet effet, ce qui constitue une atteinte manifeste aux droits des élus et aux principes fondamentaux de transparence administrative. L'INPBPM signale, également, des irrégularités dans l'attribution du marché de la gestion des déchets, qui aurait été confié sans consultation préalable de la commission compétente, en méconnaissance des règles encadrant la commande publique. Face à ces éléments, l'INPBPM appelle les autorités compétentes à diligenter une enquête approfondie sur l'ensemble des faits rapportés. Elle estime que les dérives de la gestion communale à Zemamra nuisent gravement au développement économique et social de la ville et constituent une violation manifeste des règles fondamentales de gouvernance locale. Elle réclame également un audit rigoureux des finances de la commune, considérant que plusieurs décisions prises par l'exécutif en place contreviennent aux recommandations de la Cour des comptes en matière de gestion des collectivités territoriales.