Les Forces royales air (FRA) ont réceptionné, lundi 3 février et comme nous l'avions annoncé en novembre 2024, les premières unités des drones de combat lourds de type Akıncı, dans le cadre d'un ambitieux programme de modernisation des capacités stratégiques de l'armée marocaine. Cette acquisition marque un tournant décisif dans l'évolution de la doctrine de défense marocaine en intégrant des technologies de pointe qui redéfinissent les paradigmes de la guerre asymétrique et des opérations interarmées. Lire aussi : Le Turc Baykar implantera «uniquement» une infrastructure de maintenance pour ses aéronefs vendus au Maroc Lire aussi : Au Maroc, le constructeur aéronautique turc Baykar installe une société baptisée Atlas Defense, mais le mystère sur ses futures ambitions reste entier Conçu par le pionnier turc de l'industrie de défense Baykar, l'Akıncı se distingue par son architecture avancée à double moteur turbopropulsé, capable d'opérer à des altitudes supérieures à 12 000 mètres avec une autonomie de plus de 24 heures. Doté d'une charge utile impressionnante de 1 500 kg, il peut emporter une panoplie d'armements sophistiqués, allant des missiles air-sol guidés par laser aux bombes intelligentes de précision en passant par des munitions rôdeuses de dernière génération. Vers une autonomie stratégique accrue : un transfert technologique de rupture Au-delà de la simple acquisition, ce programme s'inscrit dans un cadre de coopération technologique inédit entre le Maroc et la Turquie. Le modèle reçu, en cours de développement, intégrera des spécifications techniques répondant aux besoins tactiques des Forces armées royales (FAR), notamment en matière de guerre électronique, de renseignement d'origine électromagnétique (ROEM) et de capacités antibrouillage avancées. Ce transfert technologique s'accompagne d'un volet stratégique crucial : la formation d'ingénieurs et de techniciens marocains aux technologies de l'aéronautique militaire, tant sur le plan de la conception que de la maintenance. L'objectif est de favoriser l'émergence d'un écosystème national capable de soutenir, à moyen terme, une autonomie industrielle en matière de drones de combat, mais également d'ouvrir des perspectives d'exportation vers des pays tiers. Les capacités du drone à effectuer des missions de surveillance longue durée, de désignation d'objectifs et de frappes de précision renforcent la posture dissuasive du Maroc face à des menaces hybrides, qu'il s'agisse de mouvements armés irréguliers ou de défis liés à la sécurité des frontières. Après l'usine, des drones sophistiqués Par ailleurs, cette acquisition s'inscrit dans la continuité des investissements stratégiques marocains dans des systèmes de défense avancés, notamment avec l'usine de maintenance de Baykar qui verra bientôt le jour. L'objectif est clair : asseoir une supériorité technologique dans un environnement géopolitique en constante mutation. Un partenariat aux implications diplomatiques Le partenariat avec Baykar s'inscrit également dans le prolongement d'un rapprochement diplomatique plus large entre le Maroc et la Turquie, illustré par une intensification des échanges commerciaux et des coopérations dans le secteur de la défense. Avec l'intégration des drones Akıncı, le Maroc ne se contente pas de moderniser ses forces armées : il opère une mutation profonde de sa stratégie de défense, fondée sur la maîtrise des technologies émergentes et le développement de capacités souveraines en matière de sécurité nationale.