Le conseiller économique de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche maritime, Fethi Ben Khalifa, a souligné «la nécessité de raffermir la diplomatie économique de la Tunisie afin de préserver ses marchés traditionnels et de conquérir de nouveaux débouchés.» Lors d'une intervention télévisée, il a exprimé «ses préoccupations» concernant l'exportation de l'huile d'olive tunisienne «à des prix dérisoires à l'étranger», soulignant que le prix de l'huile d'olive italienne «avait atteint neuf euros le litre tandis que l'huile tunisienne se vendait bien en dessous de sa valeur réelle.» M. Ben Khalifa a exprimé «son étonnement» face à la décision du Maroc d'acheter 10 000 tonnes d'huile d'olive en provenance du Brésil alors que Rabat et Tunis sont des voisins régionaux. Il a interrogé «le rôle des ambassades et leur utilité si elles ne parviennent pas à préserver les marchés traditionnels ni à en conquérir de nouveaux.» Selon lui, la diplomatie économique «doit être activée pour faciliter les échanges commerciaux et ne pas se limiter à l'Union européenne, un marché saturé.» L'expert a ainsi plaidé «pour une action concertée des parties tunisiennes afin de mettre en place une stratégie de commercialisation efficace et rentable pour l'huile d'olive tunisienne, bénéfique pour tous les acteurs de la chaîne de production», d'après des propos largement commentés. Une Tunisie inféodée à une Algérie isolée Les relations entre les deux pays traversent un vide inédit. En août 2022, le Maroc a annoncé le rappel de son ambassadeur à Tunis après que le président tunisien Kaïs Saïed a accueilli, après de lourdes pressions algériennes, le chef des séparatistes du Front Polisario avant un forum Japon-Afrique. Cet accueil «est un acte grave et inédit, qui heurte profondément les sentiments du peuple marocain et de ses forces vives», avait déclamé le ministère marocain des Affaires étrangères. Le communiqué de Rabat critique encore Tunis pour avoir invité «unilatéralement» Brahim Ghali à ce sommet «contre l'avis du Japon et en violation du processus de préparation». Face à «cette attitude hostile et préjudiciable», le royaume a décidé d'«annuler sa participation au Ticad» et de rappeler «immédiatement pour consultations» son ambassadeur à Tunis. «C'est une dérive nouvelle et inacceptable, inutilement provocatrice et qui va à l'encontre de la position traditionnelle de la Tunisie», avait noté une source diplomatique marocaine. «La Tunisie s'est permise de toucher à une cause sacrée pour tous les Marocains», a-t-elle ajouté. Selon le Maroc, toutefois, le rappel de son ambassadeur «n'affecte en rien les liens forts et intacts entre les peuples marocain et tunisien, qui sont liés par une histoire commune et un destin partagé.»