Sur la question du Sahara, la patience du Maroc envers la Tunisie a atteint ses limites. En réponse à l'accueil chaleureux réservé, ce vendredi, par le président Saïed au chef du Polisario, le royaume a décidé de rappeler en consultation son ambassadeur à Tunis. Le chef du Polisario est arrivé, ce vendredi à Tunis à bord d'un avion de la présidence algérienne, pour prendre part à la 8e édition du sommet Japon-Afrique (la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD)), qui se tient du 27 au 28 août en Tunisie. A l'aéroport de Carthage, Brahim Ghali a été accueilli par le président tunisien Kaïs Saïed. Les deux hommes ont, ensuite, eu des entretiens dans la salle d'honneur de l'aéroport. L'accueil chaleureux réservé par Saïed au chef du mouvement séparatiste confirme, si besoin est, le fossé séparant désormais la Tunisie des positions du Maroc sur la question du Sahara occidental. Déjà, le pays de la révolution du jasmin s'était abstenu, aux côtés de la Russie, lors de l'opération du vote de la résolution 2602 du Conseil de sécurité du 29 octobre 2021. En décembre de la même année, le gouvernement tunisien avait envoyé son ministre des Affaires étrangères assister à un forum organisé à Oran par l'Algérie, destiné à orienter les pays africains à mieux défendre les thèses du Polisario au Conseil de sécurité. Le Maroc rappelle en consultation son ambassadeur en Tunisie La réaction du Maroc à la réunion entre Saïed et le chef du Polisario a été immédiate. Le Maroc «a décidé de ne pas participer au 8ème Sommet de la TICAD (...) et de rappeler immédiatement en consultation l'Ambassadeur de SM le Roi à Tunis, suite à l'attitude de ce pays dans le cadre du processus du forum de coopération Japon-Afrique qui vient confirmer de manière flagrante son hostilité à l'égard du Royaume», indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. «Après avoir multiplié récemment les positions et actes négatifs à l'égard du Royaume du Maroc et de ses intérêts supérieurs, l'attitude de la Tunisie dans le cadre du processus de la TICAD vient confirmer de manière flagrante son hostilité», ajoute la même source. «La Tunisie, contre l'avis du Japon et en violation du processus de préparation et des règles établies, a décidé unilatéralement d'inviter l'entité séparatiste, ajoute la même source, relevant que l'accueil réservé par le chef de l'Etat tunisien au chef de la milice séparatiste, est un acte grave et inédit, qui heurte profondément les sentiments du peuple marocain et de ses forces vives», explique le communiqué de la diplomatie marocaine. Dans son discours du 20 août, le roi Mohammed VI a précisé que «le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international. C'est aussi clairement et simplement l'aune qui mesure la sincérité des amitiés et l'efficacité des partenariats qu'il établit.» Pour rappel, au sommet de Union européenne-Union africaine, tenu en février à Bruxelles, les organisateurs européens, à savoir la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen, Charles Michel, et le président alors de l'UE, Emmanuel Macron, n'ont pas accueilli Brahim Ghali à l'aéroport et n'ont pas pris de photos avec lui avant l'ouverture du conclave. Pour rappel, Kaïs Saïed avait rencontré Brahim Ghali, le 5 juillet à Alger, à l'occasion de la commémoration du 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Jusqu'à présent, la Tunisie n'a jamais reconnu la «République arabe sahraouie démocratique (RASD)».