Malgré le différend diplomatique sur les navires américains, objet d'une enquête américaine en cours, le cargo du Département de la défense des Etats-Unis à destination d'Israël a pu faire escale à la base navale américaine de Rota, en Espagne, selon des fuites médiatiques apparues récemment. Cette opération outrepasse l'embargo espagnol interdisant le transit «de cargaisons militaires» à destination de Tel-Aviv. La véritable nature de la marchandise acheminée n'a jamais été confirmée de source indépendante. Le navire, propriété de Sealift Inc., avait également été utilisé au printemps 2024 pour transporter de l'aide à Gaza lors de la mission humanitaire américaine de pont flottant. Bien que la base navale de Rota soit partiellement exploitée par l'US Navy, elle se situe en territoire espagnol et relève théoriquement de la juridiction espagnole. «Les cargaisons transitant par les bases américaines en Espagne sont plus difficiles à détecter», a déclaré Enrique Santiago, membre d'un parti de la coalition gouvernementale espagnole. Bien que la souveraineté espagnole s'applique en théorie, «dans la pratique, les bases américaines échappent au contrôle de Madrid», a-t-il dit. La révélation, jamais étayée, selon laquelle «des munitions» destinées à Israël transitent par des ports espagnols, marque un nouvel épisode dans la crise diplomatique croissante entre Washington et Madrid, deux alliés au sein de l'OTAN. Les tensions entre les deux pays a pris une autre tournure lorsque les Etats-Unis ont saisi la Federal Maritime Commission, une agence indépendante régulant le transport maritime international, qui pourrait infliger des amendes considérables à l'Espagne, potentiellement chiffrées en millions de dollars. Dans un communiqué, le porte-parole du Pentagone, Tom Crosson, a précisé que «le gouvernement américain coordonne le transport avec ses alliés et ses partenaires tout en respectant les exigences internationales.» Selon lui, «les forces armées américaines, lorsqu'elles en reçoivent la directive, ont la responsabilité et la capacité de livrer à la fois une aide humanitaire aux populations dans le besoin et des munitions pour soutenir la défense de nos alliés et de nos partenaires.» Une bataille juridique interminable Le mois dernier, Maersk, l'un des plus grands transporteurs maritimes mondiaux, aurait acheminé «des véhicules blindés depuis des ports américains commerciaux à destination d'Israël dans le cadre de la guerre en cours à Gaza», selon des militants propalestiniens. Une partie de ces cargaisons, transitant par des ports espagnols, «a enfreint la politique espagnole interdisant l'accostage de navires transportant du matériel militaire à destination d'Israël», selon eux. En conséquence, Madrid a récemment empêché deux navires d'accoster dans ses ports, contraignant Maersk à réorienter certaines de ses expéditions transatlantiques via le Maroc, des reroutages peu commentés. Cette politique d'embargo, mise en place par l'Espagne en mai 2024, visait «à mettre fin à toute implication espagnole dans le commerce d'armes à destination d'Israël.» Depuis son adoption, «l'Espagne a empêché plus de cinq navires d'accoster sur ses côtes», selon les mêmes militants.