La visite d'Etat du président Macron au Maroc, dans le contexte actuel, se présente comme un événement diplomatique majeur et hautement symbolique. Après les moments de forte tension que les relations franco-marocaines ont traversés ces dernières années, l'heure est à la détente et à la réaffirmation de l'amitié entre les deux pays. La visite du président français offre l'occasion de relancer et d'adapter la relation bilatérale. Montrer un soutien concret à la marocanité du Sahara, accompagner les efforts de modernisation du Maroc et renforcer la coopération bilatérale sont des gestes français attendus. Le soutien de la France à la souveraineté du Maroc sur le Sahara et son appui explicite au plan d'autonomie marocain pour cette région marquent un changement significatif et ouvrent des perspectives diplomatiques et économiques plus solides entre les deux pays. Pour répondre aux attentes marocaines, l'engagement français devra se traduire en actions tangibles destinées à promouvoir une approche sans ambigüités qui s'aligne sur les aspirations de Rabat. Le discours que M. Macron prononcera au parlement sera le point d'orgue de cette visite, dont le succès dépendra largement de l'équilibre qui sera trouvé entre les contraintes internationales de la France et son engagement auprès d'un pays ami historique. Issue politique rapide au Sahara Membre permanent du Conseil de sécurité, la France pourrait désormais jouer un rôle plus actif pour une résolution durable de la question du Sahara au Conseil de sécurité. Elle pourrait : Encourager une résolution plus favorable au plan d'autonomie marocain en recherchant des appuis parmi d'autres membres du Conseil, notamment les Etats-Unis. Pousser pour une issue politique rapide sur la base du plan d'autonomie en tant que solution pragmatique, dans l'optique de stabiliser la région du Maghreb et de mieux répondre aux défis de sécurité régionale. Intégrer les pays africains dans un dialogue diplomatique autour de cette question, pour renforcer l'approche de soutien au plan marocain. Par son positionnement stratégique aux côtés du Maroc, la France ambitionne de préserver son influence dans une région où elle fait face à une concurrence croissante de la part d'autres puissances. Par la même occasion, elle renforce un allié stratégique loyal, le Maroc, sur lequel elle sait qu'elle peut compter. Cette orientation stratégique vers le Maroc apparaît comme un choix pragmatique de la part du président Macron, après l'échec des tentatives de rapprochement avec l'Algérie. En privilégiant une relation renforcée avec le Maroc, et après avoir perdu pied au Sahel, la France assure au moins un point d'ancrage solide en Afrique du Nord, face à une concurrence internationale accrue et des enjeux sécuritaires en constante évolution. Le Maroc, du fait de sa proximité géographique avec l'Europe et de sa coopération sécuritaire avec les pays européens proches, la France en particulier, est un partenaire clé pour Paris dans la lutte contre le terrorisme et la gestion des flux migratoires. En consolidant l'alliance avec le Maroc, la France, comme hier l'Espagne, espère mieux contrôler ces enjeux tout en sécurisant ses propres frontières. Opportunités économiques Le soutien de la France permettra au Maroc, désormais, de lancer des projets de grande envergure. On peut s'attendre à une réactivation de projets d'infrastructures, de transports et d'énergie renouvelable, secteurs où la France et ses entreprises sont particulièrement compétitives. Les accords pourraient se concentrer sur : Le renforcement des investissements dans les infrastructures ferroviaires, dans le but d'étendre le réseau marocain, notamment de lignes à grande vitesse. Les énergies renouvelables, où le Maroc est un leader africain, et où des partenariats stratégiques avec des entreprises françaises pourraient émerger, avec une priorité pour le solaire et l'éolien. Le développement numérique et technologique, afin de soutenir la stratégie numérique marocaine, notamment dans la cybersécurité et la transformation numérique. Avec le soutien au plan d'autonomie, la France a fait le choix de la raison, au risque d'approfondir la brouille avec Alger. Mais l'Algérie, empêtrée dans ses problèmes et ses contradictions, n'a plus ni influence ni prestige et sa parole, dévalorisée, a perdu toute crédibilité, même auprès de ses alliés. Qui le sait mieux que Paris, qui préfère miser sur la stabilité d'un allié engagé dans des réformes internes et une diplomatie proactive, plutôt que de s'épuiser à essayer de gérer les caprices et les sautes d'humeur d'un partenaire imprévisible. Avec le soutien au Maroc dans ses ambitions régionales, qui s'affirment nettement avec l'ouverture du royaume sur l'Atlantique, la France a fait le bon choix, celui de la raison.