Les relations actuelles entre le Maroc et la France font l'objet de diverses analyses en ce moment. Les observateurs s'interrogent ainsi sur l'issue et le sens des relations entre ses deux « alliés traditionnels », après un discours royal fort qui a retracé des lignes claires sur l'ambiguïté des positions que pourraient adopter certains partenaires du Royaume, particulièrement en ce qui concerne le Sahara Marocain. Lors de son discours à l'occasion de la Révolution du Roi et du Peuple, le Roi Mohammed VI a souligné à ses « partenaires » la nécessité de « clarifier leurs positions » sur l'intégrité territoriale du Royaume et la question du Sahara marocain. Les messages royaux inclus dans le discours commémoratif du 20 août concernant la « première question nationale » sont intervenus avant la visite officielle du président français Emmanuel Macron en Algérie, prévue du 25 au 27 août prochain (3 jours), qui a pour but de « relancer les relations bilatérales » entre les deux pays après un froid qui a touché les relations entre Paris et Oran. À l'ordre du jour de cette visite, selon le communiqué de l'Élysée, « la délibération sur la situation régionale » et l'examen des différents dossiers qui frustrent depuis un certain temps les relations bilatérales entre Paris et l'Algérie. Il était intéressant de comprendre « l'allusion » marocaine officielle à la France, qui a longtemps campé dans la « zone grise » concernant sa position sur l'une des questions les plus importantes aux yeux des Marocains, alors que plusieurs nations ont reconnu le plan d'autonomie proposé par le Maroc à l'ONU grâce à la forte diplomatie marocaine qui s'est accumulée au cours des trois dernières années. Commentant ces développements et l'issue des relations maroco-françaises, Moussaoui Ajlaoui, politologue et chercheur au Centre d'études pour l'Afrique et le Moyen-Orient (AMES Center), a estimé que « le contenu du discours royal, qui est venu habilement alerter le recul de la position française, était strict dans le sens de l'insistance à nouveau sur la marocanité du Sahara en louant les positions qui soutiennent le Maroc, en plus de la question de la dignité des citoyens marocains, en particulier ceux résidant à l'étranger ». Cependant, il a estimé que la balle reste dans le « camp de la France » pour recevoir le message comme il se doit. Dans une interview accordée à Hespress, Ajlaoui précise que « le dernier discours royal a mis les Français devant des choix stratégiques pour revoir leurs positions, à la lumière de la transformation de la position espagnole historique vers le soutien de l'intégrité territoriale du Maroc ». « Actuellement, il y a 8 pays européens sur 27 qui ont ouvertement annoncé leur alignement à la proposition marocaine d'autonomie, alors que l'hésitation ou le soutien modeste caractérisent toujours les positions du reste des pays », a-t-il soulevé, notant « qu'on ne doit pas aussi oublier le soutien français dans la plupart des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Sahara marocain ». Par ailleurs, le professeur au Centre d'études pour l'Afrique et le Moyen-Orient à Rabat a estimé que « la décision de l'administration américaine et l'accord tripartite, à l'époque du président Trump, ont changé les équations géopolitiques traditionnelles de la région. Cela dit, la France n'a pas accepté cela avec une sorte de satisfaction », évoquant ainsi « la crainte de Paris face au soutien grandissant des pays du Golfe à travers l'ouverture de consulats dans les provinces du sud du Maroc, ce qui a exercé une sorte de pression sur la France pour s'intégrer dans le contexte international ». « Les relations entre Paris et Rabat sont marquées par la logique du constant et du mouvement », note le politologue, qui a confirmé qu'elles restent en tout cas des « relations résilientes, malgré la régression de la France à la deuxième place parmi les partenaires commerciaux du Maroc (après l'Espagne) à l'époque de Macron, et l'enregistrement de la résidence de plus de 70.000 Français sur le sol marocain, estimé comme étant la plus grande communauté française au Maroc, en plus de la coordination militaire et sécuritaire ». Concernant la visite de Macron chez notre voisin algérien, Ajlaoui a déclaré qu'elle intervient à la lumière « du contexte du chevauchement de l'influence française sur le continent africain en général, surtout dans les régions sahélo-sahariennes et maghrébines, pour la première fois depuis les années cinquante du siècle dernier », notant que Macron n'a pas été épargné « par la tourmente et l'obsession de la carte des relations extérieures (...) en plus de la concurrence avec l'Italie et l'Allemagne pour l'influence en Afrique du Nord qui reste une préoccupation majeure dans l'esprit de Macron ».