L'envoyé des Nations unies pour le Sahara, Staffan de Mistura, a proposé l'idée de diviser le territoire entre le Maroc et le Front Polisario comme solution au conflit qui perdure depuis près de cinq décennies, selon des conclusions obtenues par l'agence Reuters. Une proposition rejetée par Rabat et même par les séparatistes soutenus par l'Algérie. Le diplomate italo-suédois a probablement mal joué sa dernière partition. En visite à Rabat le 26 février, l'ancien chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, a indiqué que «la question du Sahara est un enjeu existentiel pour le Maroc», avant de rappeler que «le royaume a beaucoup investi dans les projets de développement au bénéfice des populations locales et en matière de formation, d'énergies renouvelables, de tourisme, d'économie bleue liées aux ressources aquatiques.» Trois ans auparavant, le roi Mohammed VI a affirmé que le territoire du Sahara «n'est pas à négocier» et «aujourd'hui comme par le passé, il ne sera jamais à l'ordre du jour d'une quelconque tractation». Le monarque a ajouté que la souveraineté du Maroc sur le Sahara «est une vérité aussi pérenne qu'immuable. Elle ne souffre, de ce fait, aucune contestation.» «Si nous engageons des négociations, c'est essentiellement pour parvenir à un règlement pacifique de ce conflit régional artificiel», a poursuivi le monarque dans un discours radiotélévisé. Par ailleurs, alors que le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) appelle les parties au conflit à reprendre les négociations «sans conditions préalables et de bonne foi», l'Algérie s'y refuse, elle qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc. Depuis novembre 2020, l'Algérie a adopté une position encore plus ferme et intransigeante sur la question du Sahara, devenue un engagement idéologique traduit par une série de ruptures diplomatiques avec les pays qui soutiennent la souveraineté du Maroc sur cette région. Pour l'Algérie, ce que De Mistura a flairé, la question saharienne est non seulement un enjeu régional mais aussi une affaire de principe. En rompant avec des pays comme l'Espagne ou comme la France, l'Algérie entend envoyer un signal clair : toute reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara est perçue «comme une atteinte à sa propre vision géopolitique», comme l'a prétendu le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Cette stratégie est également le reflet d'une diplomatie de rupture et d'isolement volontaire, dans laquelle l'Algérie semble prête à sacrifier ses relations avec des partenaires «historiques» pour maintenir son alignement idéologique qui ne séduit plus beaucoup de monde. Le soutien de l'Algérie au Polisario est central dans sa politique étrangère, et son rôle dans ce dossier est pernicieux. Il est cependant significatif de noter que l'Algérie n'a pas rompu avec les Etats-Unis, bien que ces derniers aient été parmi les premiers à reconnaître, en 2020 sous l'administration de Donald Trump, la souveraineté marocaine sur le Sahara. Cette retenue algérienne à l'égard de Washington s'explique par plusieurs facteurs. D'une part, les Etats-Unis représentent un acteur incontournable dans la scène internationale. Rompre avec une superpuissance telle que les Etats-Unis reviendrait à une réclusion stratégique majeure pour l'Algérie, avec des conséquences sans précédent sur tous les plans. Fin 2022, le monarque a reçu le chef des Nations unies au palais royal à Rabat en marge d'un forum de l'Alliance des civilisations des Nations unies (UNAOC) organisé à Fès. Au cours de l'entretien, le roi Mohammed VI a «réaffirmé la position constante du Maroc pour le règlement de ce différend régional sur la base de "l'initiative d'autonomie", dans le cadre de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du royaume». Si le Maroc considère la question du Sahara comme sa principale «cause nationale» et «le prisme à travers lequel il considère son environnement international», Staffan de Mistura, lui, est invité à revoir sa copie après plusieurs couacs significatifs, comme sa visite non justifiée en Afrique du Sud, début 2024.