Staffan de Mistura a été officiellement nommé au poste d'envoyé personnel d'Antonio Guterres au Sahara, succédant ainsi à Horst Köhler, une nomination qui ne changera pas grand-chose à la réalité du conflit du Sahara, selon Zakaria Abouddahab, expert en Relations internationales. Un dialogue franc avec l'Algérie et le Maroc est l'unique issue. Détails Après sa nomination au poste d'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies au Sahara, Staffan de Mistura, diplomate chevronné, au talent incontestable, aura la rude tâche de relancer le processus politique, au point mort depuis 2019. Sa nomination était attendue compte tenu qu'il s'agissait uniquement d'une formalité, après l'aval des parties concernées. Dans un contexte difficile, marqué par la rupture des relations diplomatiques entre le Maroc et l'Algérie et le retrait du Polisario de l'accord de cessez-le feu de 1991, suite aux événements d'El Guerguerat, plusieurs écueils se dressent sur le chemin du nouvel émissaire onusien pour réunir l'ensemble des parties au Conflit autour de la table des négociations. Une mission très compliquée aux yeux de Zakaria Abouddahab, Professeur de Relations internationales à l'Université Mohammed V de Rabat. « La mission du nouvel envoyé personnel sera ardue compte tenu de la violation par le Polisario du Cessez-le-feu de 1991, consécutivement à la crise liée au passage d'El Guergarate, et la rupture unilatérale des relations diplomatiques entre l'Algérie et le Maroc, à quoi s'ajoute la fermeture de l'espace aérien algérien à l'aviation marocaine, civile et militaire. », souligne l'auguste expert dans une déclaration à l'Opinion. Dès lors, dans ce contexte particulièrement tendu, la reprise du processus politique demeure incertaine, selon M. Abouddahab, qui estime que " rien n'est sûr, sauf si les membres permanents du Conseil de sécurité à savoir les Etats-Unis, le Royaume Uni, la France, la Chine et la Russie font pression sur les parties concernées pour s'assoir sur la table de négociations". Toutefois, même dans cette perspective, l'expert fait observer que la mission du nouvel envoyé personnel sera quasiment impossible, ce qui pourrait précipiter sa démission. Aux yeux de notre interlocuteur, le problème dépasse une question de négociation, "le fait que le Sahara est considéré comme un territoire non autonome, fait que nos provinces du sud continueront d'être l'objet de toutes les convoitises et de toutes les prétentions, notamment celles des séparatistes du Polisario"; explique t-il. Sur un ton un peu pessimiste, l'expert en relation internationales explique qu' « un médiateur comme Staffan Di Mistura, dont la compétence est reconnue, ne pourra pas, même avec la plus belle foi du monde, changer, d'un iota, la réalité géopolitique du conflit. », soulignant que « cette réalité est le résultat d'une conjonction de facteurs géopolitiques complexes que le droit international, seul, ne saurait transcender ». In fine, M. Aboudahab a l'intime conviction que tant que l'Algérie et le Maroc n'engagent pas un dialogue stratégique global sur toutes les questions épineuses, y compris le contentieux historique qui les oppose, le conflit saharien aura encore de belles lurettes devant lui et ce, en dépit des bons offices des Nations Unies et de la compétence avérée de ses diplomates désignés.