L'Algérie a prétexté, pour mettre fin à sa politique d'exonération des visas accordée au Maroc, que le royaume déploie des «agents de renseignements sionistes (...) pour accéder librement au territoire national». Si Rabat a accueilli la nouvelle avec un haussement d'épaules, cette accusation fallacieuse démontre que le régime d'Alger est violent dans ses préjugés antisémites, et que les chancelleries occidentales doivent le considérer comme tel, bien qu'il signe des contrats juteux avec des firmes pro-israéliennes pour redorer son image auprès des décideurs américains. Les prémices avaient été soigneusement mises en place : le parquet de Tlemcen, dans l'ouest de l'Algérie, a annoncé début septembre l'arrestation de plusieurs personnes, parmi lesquelles quatre de nationalité marocaine, soupçonnées de faire partie d'«un réseau d'espionnage», à environ une semaine de l'élection présidentielle du 7 septembre, marquée par la réélection entachée d'irrégularités d'Abdelmadjid Tebboune. Le 26 septembre, l'Algérie a décidé de «rétablir immédiatement» le dispositif de visas pour «tous les étrangers détenteurs d'un passeport marocain», selon le ministère des affaires étrangères algérien, cité par l'agence officielle APS. Antisémitisme armé Le régime a dégainé, une nouvelle fois, son grief à large spectre préféré : le Maroc mène «diverses actions attentatoires à la stabilité de l'Algérie et à sa sécurité nationale», comme les indépendantistes du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) et les opposants algériens. Pour Alger, «le royaume du Maroc est tenu pour seul responsable de l'actuel processus de dégradation des relations bilatérales par ses agissements hostiles à l'Algérie», allusion presque explicite à la reprise des relations entre Rabat et Tel-Aviv. L'antisémitisme du régime algérien est également belliqueux. Son armée procède, depuis 2021, à d'importantes manœuvres aéroterrestres à Tindouf (sud) qui accueille les séparatistes du Polisario. Le chef d'état-major de l'armée nationale populaire (ANP), le général Saïd Chengriha, avant de multiplier les déclarations qui fulminent contre le rapprochement entre le Maroc et Israël. mobilise chars, véhicules tout-terrain, hélicoptères, avions de combat et appareils ravitailleurs, des armes russes acquises en déboursant une vingtaine de milliards de dollars. Alger, dans sa rhétorique militarisée, cite «les ennemis d'hier et d'aujourd'hui» (le Maroc et Israël) et «les menaces imminentes» qu'ils font peser «sur la sécurité de la région ces derniers temps», une annonce de guerre qui ne dit pas son nom. Alger, surtout, dénonce des «manœuvres étrangères» le long de ses frontières depuis la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara et le rétablissement des rapports diplomatiques entre Rabat et Tel-Aviv. Ce verbiage de combat trahit une animadversion antisémite qui peut déclencher un incendie géopolitique.