Le président algérien n'en finit pas de collectionner les gaffes. Son dernier voyage en Italie pour le G7 (13-15 juin) fut un véritable cauchemar pour les thuriféraires de la «Nouvelle Algérie», à court d'arguments pour défendre le comportement risible du chef de l'Etat devant toutes les caméras du monde. Après les accolades et les embrassades exagérées avec Emmanuel Macron, président de l'ancienne puissance coloniale, Abdelmajid Tebboune a mis dans l'embarras les responsables du protocole, qui n'ont rien compris à son attitude au moment de la pose pour la photo de famille, vendredi 14 juin. Il a insisté, de manière assez étrange, à rester accroché aux crampons de Macron, alors que les organisateurs italiens lui demandaient prestement de se mettre à la place qui lui a été assigné selon l'ordre protocolaire préétabli. En vain. Ils ont dû laisser tomber. Tebboune a eu ce qu'il voulait : une photo pour l'éternité à côté de Macron. Cette scène des plus improbables pour un chef de l'Etat est intervenue au lendemain d'une séquence tout aussi burlesque entre Abdelmajid Tebboune et son chef de diplomatie Ahmed Attaf, encore une fois devant un Macron dubitatif. Le ministre des affaires étrangères s'est fait taper sur les doigts par son boss alors qu'il tenait la main d'Emmanuel Macron pour le saluer. L'image hilarante est devenue virale et a fait les choux gras non seulement des réseaux sociaux, mais de médias sérieux comme la BBC Arabic. La scène a été coupée au montage par les médias algériens, mais elle a été captée par des internautes avant d'être largement reprise et commentée. Autant sur la forme que sur le fond, ce déplacement a été un désastre total, donnant l'image d'un pays isolé diplomatiquement. Les laudateurs du régime algérien et ses brigades électroniques ont lamentablement échoué à défendre l'image pitoyable renvoyée par le chef de l'Etat. Autre affront, Abdelmadjid Tebboune a été l'unique chef d'Etat à ne pas prendre la parole durant cette réunion. Le roi Abdallah de Jordanie, les présidents des Emirats et de Mauritanie ont, en revanche, tous prononcé des allocutions. Or, les médias algériens ont unanimement posté, vendredi, des publications éphémères sur un supposé discours de leur chef d'Etat dans l'après-midi, devenues introuvables dans la foulée. Partant, on est en droit de se poser la question sur la véritable raison de sa présence en Italie. D'après certaines indiscrétions, la présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni, ne l'a pas officiellement invité à ce banquet. Mais, à la dernière minute, elle aurait intercédé, bon gré mal gré, à une demande spéciale du président français Emmanuel Macron pour l'ajouter à la liste des conviés. Ce qui corrobore cette version des faits, c'est que l'agenda communiqué par la présidence aux médias algériens comportait un déplacement, le jeudi 13 juin, à Tizi Ouzou, d'où il devait annoncer sa candidature pour un deuxième mandat. A la surprise générale, cette activité a été annulée et l'avion présidentielle a atterri à l'aéroport de Bari. En fait, Abdelmajid Tebboune a été convoqué par Macron pour discuter du péril qui se profile à l'horizon pour les deux hommes, avec la probable victoire de la droite aux prochaines élections législatives en France. Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, Macron a noué des relations controversées avec l'appareil militaire en Algérie, malgré toutes les mises en garde contre un partenaire caractériel qui n'est pas digne de confiance. Fragilisé par les déboires de son parti Renaissance aux dernières élections européennes, Emmanuel Macron espère que le régime algérien puisse l'aider à se sortir de la nasse, en donnant des consignes de vote aux binationaux. Très attaché à sa relation toute particulière avec Macron, Abdelmadjid Tebboune ne peut qu'accéder à la demande de celui-ci, quitte à se montrer comme le président d'un Etat sans colonne vertebrale.